Ordonnances : la France insoumise appelle à « une réaction à la hauteur de l’agression »

Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon a réagi à chaud à la présentation des ordonnances modifiant le Code du travail.

Pauline Graulle  • 31 août 2017
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Ordonnances : la France insoumise appelle à « une réaction à la hauteur de l’agression »
© photo : CITIZENSIDE / Nicolas Joubert / Citizenside

La conférence de presse du Premier ministre n’était pas encore terminée que la France insoumise s’exprimait déjà, de son QG parisien, sur ce qu’elle estime être une « agression caractérisée, avec préméditation » contre le code du travail.

Le député insoumis Alexis Corbière a vu dans les ordonnances, rendues publiques ce midi par le gouvernement, le « basculement dans une nouvelle étape de régression ». « Aucune mesure n’aidera à faire reculer le chômage », a-t-il affirmé. En revanche, « c’est Noël en septembre pour la faction la plus dure du patronat ».

Charlotte Girard, porte-parole de la FI, a elle aussi déploré un « recul sans précédent sur la logique protectrice de la loi du travail », notamment du fait de l’« inversion actée, définitive [de la hiérarchie des normes qui fait que] toute une série d’éléments de la relation de travail [se fera] au niveau d’un accord très individualisé, et qui peut déroger à la règle législative ».

Parmi les mesures dénoncées par la France insoumise : l’organisation d’un référendum à la demande du patronat dans les entreprises de moins de 20 salariés, le retrait de la qualification de « pénibilité » du port de charges lourdes ou des risques chimiques, la possibilité d’un recours accru aux CDD, mais aussi la barémisation à la baisse des dommages et intérêts accordés par les prud’hommes en cas de licenciements abusifs, ou la participation au financement des expertises demandée aux représentants du personnel. Une mesure « perverse » qui va les mettre devant l’obligation de « choisir entre participer au financement des vacances des salariés ou leur assurer de meilleurs conditions de travail », a souligné Alexis Corbière.

Le recours au peuple

«  »Ne vous laissez pas faire », c’est ce que nous voulons dire aux Français que nous appelons à une réaction à la hauteur de l’agression », a poursuivi le député, qui appelle à manifester aussi bien le 12 septembre, à l’appel de la CGT et de Solidaires, que le 23 septembre, à l’appel de la France insoumise. La faiblesse de la réaction du mouvement syndical – la CFDT ne participera pas aux défilés du 12 septembre, et Force ouvrière seulement dans certains départements – ouvre un boulevard au mouvement de Jean-Luc Mélenchon, qui se retrouve dès lors le seul à se poser en opposant clair et massif à la politique du gouvernement d’Édouard Philippe.

D’autant que, de son point de vue, la question n’est pas seulement sociale, mais démocratique, et donc éminemment politique. « Le Premier ministre a affirmé qu’il avait reçu mandat pour conduire sa réforme, mais c’est faux ! », tempête Alexis Corbière, qui considère que le gouvernement est « assez faible vu la maigre base sociale » qui a porté Emmanuel Macron au pouvoir et qu’il a un « problème de légitimité ». « Nous ce qu’il nous reste comme marge d’action, c’est le recours au peuple. Nous serons présents le 12 septembre, et je souhaite que cette journée soit un grand succès, au même titre que le 23 septembre qui n’est pas en concurrence », a souligné Alexis Corbière. Il n’a en revanche pas évoqué la Fête de l’Humanité, grand rendez-vous annuel de la gauche qui aura lieu les 15, 16 et 17 septembre, et auquel Jean-Luc Mélenchon ne se rendra pas. Ce week-end là, il a préféré s’envoler, loin, très loin, de La Courneuve, sur l’île de La Réunion.

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Politique
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