En Haute-Savoie, Nicolas Hulot sans « baguette magique » face à la pollution

Accompagné d’Agnès Buzyn, ministre de la Santé, et Élisabeth Borne, ministre des Transports, Nicolas Hulot est allé répondre aux inquiétudes des habitants de la vallée de l’Arve face à la situation écologique de leur région.

Pierre Steinmetz  • 29 septembre 2017
Partager :
En Haute-Savoie, Nicolas Hulot sans « baguette magique » face à la pollution
© photo : JEFF PACHOUD / AFP

Il y a dix ans, le militant écologiste Nicolas Hulot était au pied du Mont Blanc pour dénoncer la pollution de l’air dans la vallée de l’Arve (Haute-Savoie). Une décennie plus tard, revoilà le même Nicolas Hulot au même endroit, pour les mêmes raisons, mais pas avec la même casquette. Désormais, l’écologiste est ministre d’État, chargé de la transition écologique. Alors forcément, lorsqu’il décide de se rendre, comme ce vendredi, avec Agnès Buzyn, ministre de la Santé, et Élisabeth Borne, ministre des Transports, dans ces terres minées par les particules fines, les attentes des habitants sont grandes.

À lire aussi >> Vivre dans la vallée de l’asthme

Il faut dire que la situation écologique de la vallée reste critique. Chaque année, quelque 550 000 poids-lourds la traverse. Sans parler des 15 000 vieilles cheminées à changer ainsi que les nombreuses industries – comme un incinérateur d’ordures ménagères – placées dans des espaces où les fumées se dissipent mal.

Résultat, les habitants et élus de la région tirent la sonnette d’alarme. L’hiver dernier, déjà, en plein pic de pollution, le chef des urgences de l’hôpital de Sallanches, Frédéric Champly, avait rebaptisé la vallée de l’Arve la « Vallée de la mort ». Et aujourd’hui, plus que jamais, les habitants demeurent inquiets. Les maladies respiratoires des habitants se multiplient pendant que les taux de particules fines d’oxyde d’azote et d’ozone diminuent trop lentement.

Sortir des mesures d’urgence

« Dans l’école, cette année, deux élèves ont déclaré un lymphome. Si rien ne change, si les pouvoirs locaux ne font pas plus, nous partirons », raconte un habitant de la vallée, Vincent Hazout, interrogé par Le HuffPost.

« On peut espérer que la Santé, les Transports et l’Environnement vont vraiment travailler ensemble. Je pense que la venue de trois ministres à la fois est un élément important mais il faut sortir des mesures d’urgence » a quant à lui déclaré ce matin, au micro d’Europe 1, Pierre Souvet, cardiologue, président et cofondateur de l’Association Santé Environnement France.

Et pourtant, dès son arrivée, le ministre de l’Écologie a préféré rester prudent : « Je n’arrive pas avec une baguette magique. Si vous en avez une, je la prends ! », a déclaré le ministre lors d’un échange avec les habitants venus l’interpeller. « Ne me demandez pas de vous faire une promesse que l’hiver prochain, tout ira bien », a-t-il ajouté.

À lire aussi >> Notre dossier « Pollution : de l’air ! »

Pas sûr que la franchise du ministre rassure quiconque sur place. « Si rien n’avance avec lui, c’est mort », a immédiatement réagi un habitant.

Selon les conclusions d’une étude sur l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique dans la vallée de l’Arve publiée ce vendredi, 8 % de la mortalité annuelle dans la vallée est attribuable à l’exposition chronique aux particules fines pour l’année 2013.

Pour rappel, une étude publiée par l’agence Santé publique France, les polluant atmosphériques entraînerait la mort de 48.000 Français chaque année

Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

« La mer nous remet à notre place : un existant qui ne voit pas tout »
Entretien 14 novembre 2025 abonné·es

« La mer nous remet à notre place : un existant qui ne voit pas tout »

Philosophe et autrice de L’Être et la mer, Corine Pelluchon appelle à regarder l’humanité depuis l’océan, pour repenser sa place, appréhender sa vulnérabilité et ouvrir à un imaginaire de la solidarité.
Par Caroline Baude et Hugo Boursier
COP 30 :  « En tant qu’activistes, on est presque obligées de trouver des manières originales de militer »
Entretien 14 novembre 2025 abonné·es

COP 30 : « En tant qu’activistes, on est presque obligées de trouver des manières originales de militer »

Après plus d’un mois de navigation, cinq activistes pour le climat sont arrivées à la COP 30, à Belem, à bord d’un voilier. Objectif : faire converger les luttes climatiques, antiracistes et féministes. Entretien.
Par Kamélia Ouaïssa
À Belém, un projet d’égouts symbole du racisme environnemental
Reportage 10 novembre 2025 abonné·es

À Belém, un projet d’égouts symbole du racisme environnemental

En prévision de la COP 30, des travaux d’assainissement sont menés à la Doca, un quartier aisé de Belém, au détriment de Vila da Barca, bien plus défavorisé. La population, rompue à la résistance, dénonce du racisme environnemental.
Par Giovanni Simone et Anne Paq
Le paradoxe brésilien : du pétrole pour financer la transition
Reportage 10 novembre 2025 abonné·es

Le paradoxe brésilien : du pétrole pour financer la transition

Le gouvernement autorise de nouveaux forages au large de l’Amapá, l’une des régions les plus pauvres du pays. Un pari économique qui contraste avec l’urgence des enjeux climatiques et représente une menace directe pour la Guyane voisine.
Par Tristan Dereuddre