Jean-Michel Blanquer porte plainte contre un syndicat Sud
Le ministre de l’Éducation nationale attaque Sud-Éducation Seine-Saint-Denis en « diffamation » pour avoir utilisé l’expression « racisme d’État ». Il porte ainsi atteinte à la liberté syndicale.

Le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer a annoncé mardi qu’il allait porter plainte pour « diffamation à l’encontre de Sud Éducation 93 », qui a prévu d’organiser mi-décembre des ateliers de formation destinés aux enseignants, dont deux se feront « en non-mixité ».
Sud-Éducation 93 a convié les enseignants, sur son site, à participer à un stage de deux jours intitulé « Au croisement des oppressions. Où en est-on de l’antiracisme à l’école ? ». Dans la série d’ateliers organisés, deux se dérouleront en « non-mixité », selon le programme affiché sur le site, qui précise par ailleurs que le stage est quasiment complet. « Pratiques de classes : outils pour déconstruire les préjugés de race, de genre et de classe » le lundi matin et atelier « Récit d’expérience : quelle vie professionnelle pour les enseignant-e-s racisé-e-s ? ».
L’expression « non-mixité » a provoqué de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, notamment dans la fachosphère. Les groupes en non-mixité peuvent être réservés à des personnes « racisées » (qui s’estiment victimes de préjugés ou de discrimination racistes en raison de leur origine), ou à des personnes se réclamant du genre féminin ou du genre masculin. Dans les deux cas, ils suscitent régulièrement la polémique, généralement à l’initiative de l’extrême droite.
« L’expression même utilisée est absolument scandaleuse, elle ne peut avoir sa place dans l’Éducation nationale », a déclaré M. Blanquer devant l’Assemblée nationale, en réponse à la députée LREM Cécile Rilhac, qui avait fustigé cette expression dans les mêmes termes. « C’est pourquoi, puisque ce syndicat a décidé de parler de racisme d’État, j’ai décidé de porter plainte pour diffamation à l’encontre de Sud-Éducation 93 », a-t-il ajouté.
« On parle de “non-mixité raciale”, on parle de “blanchité”, on parle de “racisé” c’est-à-dire les mots les plus épouvantables du vocabulaire politique sont utilisés au nom soi-disant de l’antiracisme alors qu’en fait ils véhiculent évidemment un racisme », a critiqué M. Blanquer. Ces termes sont pourtant utilisés depuis de nombreuses années par des organisations antiracistes.
Jean-Michel Blanquer a aussi « regretté que le syndicat national ne se soit pas désolidarisé de la section de Seine-Saint-Denis ». Le ministre avait déjà réagi dans un tweet lundi condamnant « avec fermeté le projet d’une réunion syndicale triant les membres sur la base de leur origine ».
Dans un communiqué, Sud-Éducation 93 note que le stage est annoncé sur le site depuis la mi-octobre, « sans avoir suscité la moindre réaction » et dénonce la référence à un « tri des origines » dans la bouche du ministre. Il pourra maintenant dénoncer une véritable répression syndicale à leur encontre.
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