Cinq nuances de socialisme

Cinq candidats se disputeront la tête d’un Parti socialiste près de la mort clinique.

Pauline Graulle  • 16 janvier 2018 abonné·es
Cinq nuances de socialisme
Photo : Olivier Faure et Delphine Batho.
© GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Ils veulent « reprendre » leur parti comme une armée reprend un bastion tombé à l’ennemi. Le congrès du Parti socialiste n’aura lieu qu’en avril, mais ils sont déjà cinq – et peut-être six, si Julien Dray se décide – sur la ligne de départ pour prendre la succession de Jean-Christophe Cambadélis. Lundi, c’est Delphine Batho qui annonçait sa candidature dans Le Parisien

Mais « l’insoumise » autoproclamée (en rapport au titre de son livre autobiographique publié après sa brutale éviction du gouvernement Ayrault) risque de s’être déjà tiré une balle dans le pied en qualifiant « d’illégitime » le congrès à venir. Et en affirmant que PS n’est « plus un parti mais une petite mafia politique avec ses parrains, ses lieutenants, ses exécutants ». Se présenter à une élection pourrie pour prendre la tête d’un parti pourri : on a connu discours plus cohérent. 

En face de la socialiste écolo – néanmoins proche de Manuel Valls sur les questions sécuritaires –, quatre adversaires masculins. D’abord, l’eurodéputé Emmanuel Maurel, antilibéral sur le plan économique, mais pas loin de la droite du parti sur la laïcité. Représentant de l’aile gauche, où il a le champ libre depuis le départ de Benoît Hamon, il n’a pas intérêt à apparaître comme le gauchiste de service aux yeux des 30 000 militants encore à jour de cotisation, majoritairement légitimistes… Stéphane Le Foll, fidèle parmi les fidèles de l’ancien Président, n’a toutefois pas plus de chances de parvenir à ses fins. Luc Carvounas, vallsiste repenti, et Olivier Faure, le patron du groupe à l’Assemblée nationale, sont a priori les mieux placés. Ce dernier, particulièrement lisse, incarne une synthèse creuse mais possiblement gagnante basée sur le « ni-ni » – ni frondeur ni pro-Hollande.

Demeure une question : que vont faire ces cinq-là dans cette galère ? Pourquoi perdre son énergie dans une campagne crépusculaire pour un PS en mort clinique ? Peut-être parce que le parti de Jaurès n’est pas tout à fait enterré. À défaut d’une colonne vertébrale idéologique, les cinq candidats savent qu’il reste un réseau fourni d’élus locaux. Et surtout, un trésor de guerre : les 45 millions d’euros que vient de lui rapporter la vente de son siège historique de la rue de Solférino. Si une moitié va servir à éponger le plan social en préparation (58 des salariés sur 100 se retrouvent sur le carreau) et l’achat d’un nouveau siège dans le nord de Paris, le reliquat du butin pourrait permettre de repartir du bon pied vers 2022. Une manne suffisante, parient-ils, pour barrer la route à un Hamon désargenté, mais aussi pour faire illusion sur la santé réelle du socialisme français.

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