Notre-Dame-des-Landes : Une victoire du siècle
L’abandon de l’aéroport consacre la modernité d’une lutte qui a mis en échec les gouvernements et les élus ayant défendu sans relâche un projet destructeur et démesuré, imaginé il y a cinquante ans.
dans l’hebdo N° 1487 Acheter ce numéro

Et toc ! », lance sobrement le calicot déployé par les militants au sommet de la tour de vigie de La Rolandière, sur la « zone à défendre » (ZAD) de Notre-Dame-des-Landes. Le Premier ministre, Édouard Philippe, vient d’annoncer l’abandon du projet d’aéroport. La grande liesse viendra plus tard dans la nuit.
Certes, les signaux émis du côté de Paris semblaient préparer les esprits. Mais les plus chevronnés des anti-aéroport étaient encore sceptiques, burinés par près de vingt ans de résistance obstinée et d’espoirs déçus. « Enfin une victoire ! », lâche simplement soulagé un militant, évoquant le recul de la solidarité, de l’écologie, de la justice sociale et de la démocratie depuis des années. « On y croit encore à peine », glisse Françoise Verchère, l’une des figures de proue de l’opposition.
La plus ancienne et la plus longue des luttes foncières de France vient de connaître son épilogue. À la fin des années 1960, naissait l’idée de doter la région de Nantes d’un aéroport international d’où pourrait décoller le Concorde. Les aménageurs voyaient le Grand Ouest en « Ruhr à la française ». Le dossier a été remodelé depuis, mais pas son esprit, fondamentalement. Le 17 janvier 2018, c’est un objet du siècle dernier qui est parti aux oubliettes. Une victoire des « modernes » sur les « anciens », qui marquera l’histoire des luttes contemporaines par le sens qu’elle porte.
C’est d’abord un formidable hommage à la ténacité, dont la permanence donne la mesure de la conviction des opposants. Leur premier collectif naît en 1973 : l’Adeca, avec des agriculteurs locaux refusant le bétonnage des terres. Avec la crise pétrolière, le projet ne fait plus