Notre-Dame-des-Landes : La ZAD se sent pousser des ailes

L’abandon du projet d’aéroport n’aveugle pas les opposants et occupants du bocage. Ils se disent prêts au dialogue, mais toujours vigilants pour défendre un modèle né de décennies de résistance.

Vanina Delmas  • 24 janvier 2018 abonné·es
Notre-Dame-des-Landes : La ZAD se sent pousser des ailes
© photo : LOIC VENANCE /AFP

La fête de la victoire ne leur a pas fait perdre le fil du temps. À la ferme de Bellevue, les travaux se poursuivent sous le « hangar de l’avenir ». Une dalle de béton a été coulée car cette majestueuse armature de bois se destine à accueillir une scierie et un atelier de tannerie. Des projets d’avenir, comme si rien n’avait changé. À l’heure du déjeuner, les éclats de rire, les verres qui trinquent et les exclamations enjouées pleuvent dans la grande salle de réunion. La joyeuse tablée, tous âges et tempéraments confondus, s’anime volontiers autour d’un pot-au-feu maison. « Ce midi, nous mangeons le premier veau né sur la ZAD, il y a quatre ans ! », précise fièrement Jean-Louis, un agriculteur à la retraite depuis deux ans. Comme un symbole de la longévité et de la viabilité de cette microsociété émergeant doucement mais sûrement de la verdure de Notre-Dame-des-Landes. En ce lendemain de victoire historique, les discussions oscillent entre commentaires ironiques du discours d’Édouard Philippe, blagues sur les zadistes prétendument « ultra violents » et souvenirs de ces années de lutte inoubliables. « Je m’oppose à ce projet d’aéroport depuis ma première réunion syndicale, en 1974 ! Je sortais tout juste de l’école et j’avais collé l’autocollant ‘‘Non à l’aéroport !’’ sur ma Simca 1000, à côté de celui du Larzac », se souvient Jean-Louis, membre du collectif Copain 44.

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La victoire, ils en rêvaient tous, et ils l’ont eue. L’abandon du projet d’aéroport sur leur belle zone naturelle les a ravis, surpris, choqués, émus, soulagés ou cloués sur place. Tous se sont laissés embarquer dans ce maelström d’émotions, le temps d’une soirée, d’une nuit, ce mercredi 17 janvier. Mais pas question de s’enliser dans ce sentiment d’allégresse car le combat continue. Si le spectre de l’aéroport ne plane plus sur le bocage nantais, celui de l’avenir grandit de jour en jour. « Nous nous sommes battus pour cette victoire mais il y a tellement de difficultés pour passer à la phase de l’après que cela empêche de s’extérioriser comme on devrait le faire, analyse avec philosophie Julien Durand, l’un des opposants historiques au projet. Une minorité d’entre nous a quelque difficulté à penser le

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Écologie
Temps de lecture : 11 minutes