Thomas Frank : « Trump est le fruit de l’échec d’Obama »
Après un premier livre montrant comment la classe ouvrière états-unienne a basculé en faveur des républicains, Thomas Frank analyse la proximité des démocrates avec les élites économiques, et leur éloignement des syndicats et des travailleurs, jadis cœur de leur électorat.
dans l’hebdo N° 1506 Acheter ce numéro

Journaliste et historien, l’Américain Thomas Frank est beaucoup lu en dehors des États-Unis, particulièrement en Europe. En revanche, dans son pays, alors qu’il était régulièrement invité sur les plateaux de télévision au début de la présidence Obama (et plus rarement pendant la primaire démocrate de 2017, autour de la candidature de Bernie Sanders, dont il était proche), son propos sur l’abandon des classes populaires par les démocrates est désormais inaudible et marginalisé. Pourtant, il analyse avec rigueur (et un humour parfois féroce) comment les républicains ont courtisé avec succès la classe ouvrière, alors que le Parti démocrate apparaît comme soutenant fièrement la mondialisation néolibérale et ses principaux bénéficiaires. Auteur en 2013 de Pourquoi les pauvres votent à droite, il publie aujourd’hui… Pourquoi les riches votent à gauche (1).
Votre précédent livre s’intitulait Pourquoi les pauvres votent à droite. Comment les républicains ont-ils réussi à remporter une large part des votes de la classe ouvrière ?
Thomas Frank : Le titre français prête un peu à confusion puisque les très pauvres – du moins la petite part qui vote – continuent de donner leurs suffrages aux démocrates. À ce propos, il y a une longue histoire aux États-Unis des mesures adoptées pour empêcher beaucoup de gens de voter. Et devinez qui sont ces gens ? Les plus marginalisés ou les plus faibles, qui en grande majorité voteraient