Urgence pour la psychiatrie
C’est le parent pauvre de l’hôpital. La crise est identifiée depuis longtemps. Pourtant, le déficit de soignants révèle une conception où la relation humaine est négligée dans l’offre de soins.
dans l’hebdo N° 1507 Acheter ce numéro

Benoît Blanchard est pédopsychiatre dans un centre médico-psycho-pédagogique en banlieue parisienne. Même pour des enfants qui cumulent urgence psychiatrique et urgence sociale, il lui faut au moins un an pour trouver une solution de prise en charge en jonglant entre les services, l’école, l’assistante sociale, la médecine de ville… « Si ce n’est trois ans ! Face à une crise, ce n’est pas tenable. J’envisage de saisir le Défenseur des droits. »
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Antoine Pelissolo est psychiatre à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil. Il confie que, si certains patients repartent vite, d’autres sont dans son service depuis deux ou trois ans, faute de solution de sortie. Et les conditions de travail sont si difficiles pour les infirmiers que rares sont ceux qui restent, quand ils ne quittent pas la psychiatrie, qui n’est plus une spécialité pour ces professionnels depuis 1992. Au centre hospitalier du Rouvray, près de Rouen, il aura fallu dix-huit jours de grève de la faim pour obtenir trente postes supplémentaires et une unité d’accueil pour les ados. Sauf qu’ils en demandaient plus de cinquante et redoutent que cette « rallonge » ne pénalise d’autres services de psychiatrie (lire notre reportage).
À quelles extrémités les professionnels doivent-ils en arriver pour que leurs tutelles décident de conditions de soins décentes ? « Une grève de la faim dans un service de psychiatrie, c’est un geste inédit et altruiste », réagit Denys Robiliard, ex-député PS, auteur d’un rapport sur la