Réforme de l’audiovisuel : « On pourrait rêver d’une autre table rase »
Figure du documentaire sur Arte, Thierry Garrel défend une réforme qui serait moins comptable qu’organisationnelle.
dans l’hebdo N° 1528 Acheter ce numéro

Près de quarante ans dans l’audiovisuel public, de la recherche à la production. Tel est l’itinéraire de Thierry Garrel. À la tête de l’unité documentaire de La Sept, puis d’Arte, de 1987 à 2008, il a accompagné notamment les œuvres de nombre de personnalités, comme Frederick Wiseman, Rithy Panh, Agnès Varda, Amos Gitaï, ou encore Nicolas Philibert, Mariana Otero et Didier Cros, favorisant une politique éditoriale ambitieuse. C’est avec la même exigence qu’il observe aujourd’hui la réforme de l’audiovisuel public.
Quel regard portez-vous sur l’évolution de l’audiovisuel public ?
Thierry Garrel : Voilà longtemps que les machines à communiquer font l’objet d’interrogations, à la fois sur les modes de fabrication, les missions, les formes et le renouvellement des programmes. Pierre Schaeffer employait cette métaphore : il disait qu’on avait là « des monstres du quaternaire : un énorme corps avec un tout petit cerveau en haut ! ». C’est la raison pour laquelle les dinosaures ont disparu, ils n’ont pas supporté cet énorme corps ! Ainsi, en s’interrogeant sur ces vastes organisations, on s’est vite aperçu que leur propre gestion les empêchait de remplir leurs missions. Or, pour moi, la télévision est une affaire de santé publique, comme l’éducation. Malheureusement, on observe que ce service s’est appauvri, se méfiant d’objets télévisuels ou radiophoniques un peu risqués. On fait des choses propres, bien cadrées, comme s’il s’agissait