Gilets jaunes : des femmes enfin visibles
L’historienne Michelle Zancarini-Fournel analyse la continuité de l’implication féminine dans les mouvements sociaux, jusqu’aux gilets jaunes.
dans l’hebdo N° 1532-1534 Acheter ce numéro

Michelle Zancarini-Fournel a consacré la plupart de ses recherches à l’histoire des mouvements sociaux et des femmes (1). Elle a notamment été l’une des pionnières en France du mouvement pour une « histoire populaire (2) » initié aux États-Unis par Howard Zinn. Elle analyse ici les caractéristiques du mouvement des gilets jaunes, en particulier la présence massive de femmes en son sein.
On voit beaucoup de femmes en gilet jaune sur les ronds-points. Ont-elles un poids particulier dans ce mouvement ? Est-ce d’ailleurs vraiment une nouveauté de voir beaucoup de femmes dans un mouvement contestataire ?
Michelle Zancarini-Fournel : Il faut d’abord rappeler que c’est quasiment une constante : chaque fois qu’il y a des femmes dans un mouvement populaire, on dit que c’est une des premières fois qu’elles participent ! Or, dès les révoltes frumentaires au XVIIe siècle, par exemple, et plus encore durant la Révolution française, ce sont très souvent elles qui les ont déclenchés. Mais on ne les voyait pas, ou on ne voulait pas les voir !