Vincent Jarousseau, profession sismographe

De la photo de presse au travail documentaire, le reporter se distingue par un sens du cadre et de la lumière.

Jean-Claude Renard  • 19 mars 2019 abonné·es
Vincent Jarousseau, profession sismographe
© crédit photo : Vincent Jarousseau/Les Arènes

Né en 1973 dans la région nantaise, « enfant des lotissements » ayant grandi entre une mère au foyer et un père peintre en bâtiment grand auditeur de France Culture, il a tout juste 10 ans quand il tient en main son premier appareil photo. Un Minolta. Très vite, il se sent attiré par tout ce qui relève des arts. La peinture, la musique. Au lycée, il s’inscrit au club photo. Dans la famille Jarousseau, Vincent est le premier à obtenir le bac. À 19 ans, il quitte la Loire-Atlantique pour la capitale et une carte d’étudiant en histoire de l’art à la Sorbonne, en même temps qu’il joue du piano dans un groupe de rock. Il s’essaie à la peinture, garde une passion pour l’image.

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Ce n’est qu’en 2007 que le trentenaire choisit de basculer entièrement dans la photographie. Il fait le tour des rédactions encouragé par Alain Frilet, grand reporter à Libération et directeur éditorial de l’agence Magnum. Tout va alors très vite et les commandes pleuvent. Libé d’abord, mais encore La Croix, Le Monde, L’Obs, Le Journal du dimanche, la revue XXI. Vincent Jarousseau remplit les pages société des kiosques, cerne déjà les fractures françaises, les dimensions sociologiques et politiques, se distinguant par ses portraits, son sens du cadre et de la lumière. En 2014, avec l’historienne Valérie Igounet, il entreprend un travail sur le long terme, en noir et blanc, articulé autour des villes gérées par le Front national. Hayange, Beaucaire et Hénin-Beaumont.

C’est également à ce moment qu’il découvre Denain. Après deux ans d’enquête, ce travail donne lieu à un premier reportage de douze pages dans la revue XXI puis à un ouvrage, L’Illusion nationale, reprenant les codes du roman-photo (comme Les Racines de la colère), livrant une radio­graphie du quotidien de ces villes, avec leurs élus, leurs opposants, leurs électeurs et leurs habitants. Au café, dans la rue, au marché, au travail, au milieu des corons ou des hauts-fourneaux éteints, des commerces abandonnés, des zones pavillonnaires… Soit un travail brut, loin des enquêtes superficielles et des chiffres.

Deux années de suite, en 2015 et 2016, alors que Jarousseau est membre de l’agence Hans Lucas et du collectif de journalistes indépendants les Incorrigibles, ses photographies sont sélectionnées au festival Visa pour l’image, à Perpignan. Son prochain travail pourrait bien être dirigé vers les questions urbaines ou environnementales… En évitant « de faire ce qui a déjà été fait ».

Société Culture
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