Sports : Les femmes (enfin) par la grande porte ?

Pour la première fois, la France organise la Coupe du monde féminine de football. La vraie nouveauté, c’est l’adjectif « féminine ». Jusqu’à présent, le Mondial était unisexe chez nous. Les Bleues, parmi les favorites, vont y gagner une exposition inédite, et leur sport va s’accorder en genre, du 7 juin au 7 juillet au moins. Après, c’est la lutte contre les feux de paille qui commence. Car si les sportives de haut niveau sont devenues plus visibles, le chemin à parcourir est considérable pour faciliter l’accès de tous les sports aux filles, effacer les discriminations, promouvoir l’égalité aux postes de pouvoir et dans les salaires.

Patrick Piro  • 5 juin 2019 abonné·es
Sports : Les femmes (enfin) par la grande porte ?
© crédit photo : FRANCK FIFE/AFP

La péripétie fait tache. Une semaine avant le démarrage du Mondial de foot, les joueuses de l’équipe de France ont été priées de déménager du « château », le prestigieux centre d’entraînement de Clairefontaine. Pour laisser la place à leurs homologues masculins, à la veille d’un match amical contre la très modeste équipe de Bolivie. Alors que l’équipe féminine fait partie des favorites du tournoi, l’épisode envoie le « terrible » message « que le foot des femmes, c’est un sous-foot », la démonstration d’une « intériorisation de l’infériorité des footballeuses », fustige la sociologue Marie-Cécile Naves (1).

Certes, le ballet des deux équipes était prévu, et pour la sélectionneuse des féminines, « très sincèrement, il n’y a aucun problème ». Mais si Corinne Diacre joue son rôle protecteur en coupant court à la polémique, que dire de sa justification ? « Le “château” est prioritaire pour les Bleus, ça a toujours été comme cela et ça l’est encore plus depuis juillet l’année dernière. »

En 2009, quatre joueuses cadres avaient tombé le maillot pour poser nues sur une affiche engagée : « Faut-il en arriver là pour que vous veniez nous voir jouer ? » Leur équipe venait de se qualifier pour l’Euro, une performance totalement marginalisée par des médias sportifs phagocytés par le masculin. À l’époque, on les appelait encore les Bleuettes : le féminin de Bleuets, nom de l’équipe masculine de football « espoir », composée de joueurs de moins de 21 ans. « En France, le monde du sport est l’un des plus attardés concernant l’égalité des genres », constate Marie-Cécile Naves.

Dix ans après un coup de pub ambigu qui avait provoqué l’afflux des journalistes, c’est néanmoins pour leur jeu que l’on viendra admirer les Bleues et leurs homologues de 23 autres équipes, dans les stades de Grenoble, du Havre, de Lyon, de Montpellier, de

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Société
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