Des pistes pour résister au tout-avion
De plus en plus de personnes ont conscience qu’il faut changer de modèle. Des initiatives se fédèrent pour limiter le trafic aérien.
dans l’hebdo N° 1621 Acheter ce numéro

Le 31 mars 2020, l’aéroport d’Orly observait le décollage de son dernier avion avant sa fermeture contrainte en raison de la chute du trafic due à la pandémie de Covid-19. Du jamais-vu. Trois mois plus tard, un avion prenait son envol pour Porto, célébré par un « water salute », cérémonie durant laquelle les pompiers l’arrosent abondamment. Il paraît qu’il faut que « tout change pour que rien ne change », mais comment parler d’après-crise sans en tenir compte ? Selon les prévisions de -l’Association internationale du transport aérien (Iata), le trafic ne reviendra pas au niveau de 2019 avant 2023, mais les discours et les ambitions du secteur reprennent du poil de la bête, un tantinet colorés de vert.
Dans son « Rapport Environnement 2019 », la Direction générale de l’aviation civile note que _« l’évaluation de cette crise doit permettre à l’ensemble du secteur de faire naître un modèle de transport aérien plus fort, plus résilient et aussi plus durable ». Depuis la rentrée, le ministre chargé des Transports, Jean-Baptiste Djebbari – ancien pilote – enchaîne les passages dans les médias pour dénoncer « l’avion bashing » et faire la promotion de l’avion vert, à base d’hydrogène ou d’agrocarburants. À l’opposé des recommandations du Haut Conseil pour le climat (HCC) prodiguées dès le printemps : « Ce n’est pas le moment de soutenir l’aviation coûte que coûte, mais d’ouvrir le débat sur le fait de réduire les déplacements en avion. Des aides aux travailleurs des secteurs très émetteurs peuvent parfois être préférées à une aide sectorielle », prévenait Corinne Le Quéré, présidente du HCC.
Dans la société civile, si Greta Thunberg avait mis un coup de projecteur sur le flygskam (la honte de prendre l’avion) en faisant 32 heures de train pour se rendre au Forum économique et social de Davos, en Suisse, ce sentiment devenu mouvement citoyen en Suède peinait à faire tache d’huile. Pour beaucoup, partir en vacances était encore synonyme de destinations lointaines et donc d’avion. L’immobilisme était quasi général en France, les engagements restaient minimes, comme si ces oiseaux de fer – et la