Fragiles refuges
Malgré le froid qui s’installe, les maires de Briançon et de Gap veulent fermer les lieux d’accueil des personnes exilées ayant franchi les Alpes. Sans proposer d’alternative aux associations.
dans l’hebdo N° 1624 Acheter ce numéro

© JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
I ci, c’était la première fois que l’on me disait bonjour. On ne m’avait pas dit bonjour depuis longtemps. » Par cette formule, André témoigne de son humanité retrouvée lorsqu’il est arrivé à Briançon. Elle lui avait été déniée jusque-là durant son parcours d’exil. Malgré sa déficience visuelle, il a cheminé du Cameroun jusqu’à la région lyonnaise, franchissant le Sahara, la Méditerranée et enfin les Alpes. En écoutant ces paroles, Justin Ndengbe Ngono, lui aussi exilé du Cameroun, ne parvient pas à retenir ses larmes. Lorsqu’ils sont arrivés en France par le col de l’Échelle ou le col de Montgenèvre, tous deux ont été hébergés au Refuge solidaire, situé juste à côté de la salle de la MJC d’où ils s’expriment publiquement ce samedi 10 octobre (1).
« Ici, je ne me sens pas étranger. C’est mon chez-moi parce que la porte est toujours ouverte, il y a toujours à manger, à boire et de quoi se réchauffer », nous confie Justin. Il se souvient précisément du 27 septembre 2017, jour où il en a poussé la porte après avoir marché à plusieurs reprises en haute montagne pour franchir la frontière, car repoussé en Italie par la police aux frontières (PAF).
Justin, ensuite, est allé vivre dans un squat autogéré sur les hauteurs de Briançon. La maison s’appelle « Chez Marcel », du prénom de l’ancien