Caricatures de démocrates

Les députés LREM n’apprécient pas la publicité de leur vote.

Michel Soudais  • 9 décembre 2020
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Caricatures de démocrates
© Laure Boyer / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Jacques Maire est un député chatouilleux. Sur son image. Comme plusieurs des 388 #députésdelahonte, ainsi qu’ont été qualifiés par La Revue dessinée les élus qui ont voté la proposition de loi « sécurité globale », ce parlementaire macronien des Hauts-de-Seine n’a pas apprécié de voir son portrait dessiné (lui dit « caricature ») diffusé sur les réseaux sociaux avec ce hashtag et collé sur quelques panneaux d’affichage libre de Meudon. Cela « relève de la stigmatisation publique classique pratiquée par l’extrême droite », s’est-il emporté le 1er décembre sur Twitter, en présentant copie de la plainte contre X qu’il venait de déposer au commissariat de cette ville. Une plainte pour _« acte d’intimidation envers un élu public pour qu’il influence une autorité pour l’obtention de décision favorable » et « diffamation envers un dépositaire de l’autorité publique ». La seule mention inscrite sous son portrait est pourtant purement factuelle. Elle informe qu’il « a voté pour la loi sécurité globale ». Quant à y voir une « intimidation », c’est un pur procès d’intention.

Ce n’est pas la première fois que des députés LREM n’apprécient pas la publicité de leur vote. En octobre 2018, plusieurs d’entre eux s’étaient emportés contre François Ruffin quand le député LFI de la Somme avait annoncé dans l’hémicycle que les noms de tous les députés qui s’apprêtaient à rejeter une proposition de loi relative à l’inclusion des élèves en situation de handicap seraient publiés. « Ils circuleront à travers la France. Et ce vote, j’en suis convaincu, vous collera à la peau comme une infamie », leur avait-il lancé. Le président LREM de la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée, Bruno Studer, l’avait accusé de « faire son petit Robespierre » tandis que sa collègue Anne-Christine Lang fustigeait sur Twitter _« des méthodes de voyous » et qualifiait le procédé de « délation » et d’« incitation à la haine ».

En ces temps troublés où la Macronie se pique de renforcer les principes républicains, il n’est pas inutile de rappeler à ses élus qu’ils exercent un mandat temporaire dont ils sont redevables auprès des électeurs, et non un job dont ils devraient s’acquitter auprès de l’employeur qui les a mis où ils sont. En clair, ce n’est pas à Emmanuel Macron qu’ils doivent rendre des comptes, mais bien aux citoyens. Si le vote des députés est public, consultable sur le site de l’Assemblée, c’est justement pour que les citoyens puissent savoir ce que votent leurs représentants. Ça s’appelle la transparence et la démocratie. Deux notions trop souvent méconnues des macroniens.

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Parti pris

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