Pauvreté : le choix de l'inaction
Depuis le début de la crise sanitaire, un million de Français·es ont basculé dans la pauvreté. Les aides du gouvernement sont loin du compte.
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C’est une catastrophe qui survient à bas bruit, alors que tout le monde l’avait annoncée. Depuis le début de la crise sanitaire, un million de Français·es ont basculé dans la pauvreté. Pour en finir avec le grand déni des pouvoirs publics, les acteurs de la solidarité demandent une hausse des minima sociaux à un niveau permettant de vivre décemment et l’ouverture du RSA aux moins de 25 ans.
En réponse, les aides ponctuelles et ciblées versées en mai-juin et en novembre par le gouvernement sont donc loin du compte. Avec à peine 0,8 % de son plan de relance consacré à la lutte contre la pauvreté, le gouvernement fait le choix résolu de l’inaction. Ses travaux pour un « revenu universel d’activité » adossant le RSA à du travail bénévole plus ou moins volontaire sont certes ajournés, mais sa doctrine reste inchangée. C’est par le travail, et par le travail seulement, que les pauvres doivent s’en sortir, alors que les moyens sont insuffisants pour un accompagnement digne de ce nom et que l’emploi manque cruellement. Déjà aujourd’hui, selon les départements, le courroux s’abat contre les allocataires du RSA, convoqués devant des « commissions pluridisciplinaires » accusatoires, qui ajoutent la culpabilisation, la menace et l’injustice à leur fardeau. Cette facette coercitive est méconnue, largement éclipsée par les faux débats et les caricatures sur la pauvreté. Elle donne pourtant la mesure de l’affaiblissement de l’idée de solidarité. L’un des grands drames de cette année 2020.
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