Sénégal : La jeunesse « affamée, humiliée et frustrée »

Depuis le 3 mars, le Sénégal traverse le plus important mouvement de protestation de son histoire récente.

Politis  • 10 mars 2021
Partager :
Sénégal : La jeunesse « affamée, humiliée et frustrée »
© Cherkaoui Sylvain / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP

Le Sénégal traverse le plus important mouvement de protestation de son histoire récente, depuis l’arrestation, le 3 mars, de l’opposant Ousmane Sonko, accusé de viol et de menace de mort par une employée d’un salon de beauté. Le troisième homme de la présidentielle 2019, qui crie au complot, a été relâché le 8 mars sous contrôle judiciaire. Devant des milliers de manifestants réunis à Dakar, il a appelé à amplifier la « révolution pacifique ».

Son arrestation a mis le feu à un monceau de colères accumulées depuis le début de la crise du Covid-19 et l’instauration d’un couvre-feu qui pénalise l’économie informelle. Les manifestations, débordant du cadre des organisations politiques, ont dégénéré en pillage, notamment contre des entreprises étrangères comme Total, Orange ou Auchan, symboles d’une économie qui profite surtout aux multinationales occidentales. « Les pillages sont un réflexe de survie d’une population affamée, humiliée et frustrée de voir les richesses de la nation confisquées par une minorité », affirme le Mouvement de défense de la démocratie (M2D), coordination de partis et d’organisations d’opposition fondée il y a quelques jours.

Amnesty International condamne quant à elle les nombreuses « arrestations arbitraires » constatées depuis plusieurs semaines, et les tirs à balles réelles sur les manifestant·es. Le pouvoir a également coupé le signal à deux télévisions qui avaient diffusé les images des manifestations en direct (SenTV et WalfTV). Huit manifestants ont été tués dans les répressions, dénonce également l’ONG. Le 9 mars, le président Macky Sall est sorti de son silence pour décaler le couvre-feu à minuit, contre 21 heures jusqu’à présent.

Monde
Temps de lecture : 1 minute
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

En Guyane, le mastodonte logistique de l’orpaillage illégal
Reportage 26 novembre 2025 abonné·es

En Guyane, le mastodonte logistique de l’orpaillage illégal

Près de 80 % des activités liées à l’extraction illicite de l’or en Guyane se concentrent sur le Haut-Maroni. Depuis la rive surinamienne, les garimpeiros – orpailleurs clandestins – ont édifié un système bien huilé pour exploiter le sol français.
Par Tristan Dereuddre
Orpaillage : le mercure, un poison pour la terre et les humains
Reportage 26 novembre 2025 abonné·es

Orpaillage : le mercure, un poison pour la terre et les humains

En fin de processus d’extraction, les orpailleurs illégaux utilisent de grandes quantités de mercure pour séparer la terre de l’or. Hautement toxique, ce métal lourd contamine non seulement l’environnement mais aussi les peuples du fleuve Maroni.
Par Tristan Dereuddre
« On ne pourra pas vaincre l’orpaillage illégal seulement par la répression »
Entretien 26 novembre 2025 abonné·es

« On ne pourra pas vaincre l’orpaillage illégal seulement par la répression »

Joël Sollier, procureur général de la République en Guyane, décrit l’organisation des réseaux d’orpaillage illégal sur le Haut-Maroni et les moyens à déployer pour une lutte efficace.
Par Tristan Dereuddre
Enfant de la guerre, Mohamed Bagary dénonce l’oubli du Soudan
Portrait 24 novembre 2025 abonné·es

Enfant de la guerre, Mohamed Bagary dénonce l’oubli du Soudan

Enfant d’El-Fasher, ville du Soudan aujourd’hui ravagée par les massacres, le trentenaire vit à distance la perte de son frère, le drame de sa famille et de son peuple. Depuis la France, il s’efforce de faire entendre une tragédie ignorée.
Par Kamélia Ouaïssa