Venise : manne et malédiction du tourisme
« Venezia è unica », répètent ses responsables et ses habitants. Mais la pandémie la plonge aujourd’hui, comme Florence ou Sienne, dans une crise systémique qui montre l’impasse d’une « monoculture touristique » qui n’a fait que croître ces dernières décennies, jusqu’à détruire son écosystème et son tissu social.
dans l’hebdo N° 1645 Acheter ce numéro

Venise est étrangement déserte. Depuis plus d’un an, l’économie du centre historique, qui vit très largement du tourisme, a subi une baisse d’environ 90 % de son chiffre d’affaires. Commerçants, restaurateurs et gérants de café croulent sous les difficultés économiques. Sans soutien véritable de la part de l’État, selon la longue tradition transalpine d’un interventionnisme et d’une solidarité nationale défaillants, qui ont nourri le très ancien ressentiment de toute la péninsule à l’égard de Rome. Ce pouvoir considéré comme lointain, levant essentiellement les impôts, imposant des normes mal comprises et délivrant des services souvent lacunaires. Ces sentiments sont largement exploités par l’extrême droite, représentée par la Ligue, jadis défendant exclusivement le nord du pays, riche région.
Pourtant, si Venise est bien « unique » par ses trésors historiques,