La solidarité primeur des vignerons
Dans les vignobles autour de Chinon, les gelées printanières n’ont pas sévi autant qu’ailleurs, mais la hantise de la catastrophe reste très forte. Les viticulteurs s’entraident pour y faire face.
dans l’hebdo N° 1650 Acheter ce numéro

© Vanina Delmas
Les bougies illuminant les coteaux dans la nuit noire, les bourgeons prisonniers d’une bulle givrée à l’aube, les rideaux de glace descendant sur les vignes… « De belles photos pour les réseaux sociaux, mais on s’en passerait bien », glisse Pierre-Édouard Caillé, prêt à affronter une sixième nuit blanche en dix jours pour protéger du gel printanier ses 24 hectares de vignes. « C’est fatigant, stressant, mais pour l’instant nous n’avons pas eu trop de dégâts. Je touche du bois car ce n’est pas fini… » poursuit-il, en posant littéralement la main sur le cep le plus proche. L’absence d’humidité a limité les ravages du gel, mais dans les vignobles de l’appellation d’origine contrôlée (AOC) Chinon, tout le monde reste sur le qui-vive depuis le début du mois d’avril. Les vignerons ne parlent que de ça, rythment leurs journées et leurs nuits à coups de « siestes » et guettent le moindre changement de température, prêts à déclencher leur arsenal antigel.
Ailleurs en France, les vignobles et arbres fruitiers ont dramatiquement souffert. Selon une première estimation établie par la FNSEA, un tiers de la production viticole française « sera perdu » à cause du gel, soit « à peu près 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en moins » pour la filière. Le gouvernement a rapidement activé le régime de calamité agricole, permettant d’indemniser les pertes de récolte et les pertes de fonds liées aux aléas climatiques. Le Premier ministre a annoncé un « effort significatif de l’État à hauteur de 1 milliard d’euros ».
À 28 ans, Pierre-Édouard parle comme un vigneron aguerri, ce