Garantir nos droits

Depuis des décennies, les libertés publiques ou fondamentales sont en recul en France. À la Ligue des droits de l’Homme et à Politis, il nous tient à cœur d’adopter un point de vue offensif par rapport à ces régressions.

Christophe Kantcheff  et  Malik Salemkour  • 18 novembre 2021
Partager :
Garantir nos droits
© Crédits : œuvre de Banksy/photo Marco Sabadin/AFP

État d’urgence, sécurité globale, doctrine du maintien de l’ordre, chaîne pénale, fichiers, séparatisme… Ces notions, toutes liées à des législations ou des dispositifs liberticides, s’imposent dans notre quotidien. Signe des temps, où le lexique du ministère de l’Intérieur domine les esprits. Où les discours sur l’État se focalisent sur ses fonctions répressives. Où le « droit à la sûreté » proclamé par la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, protégeant les personnes contre les empiétements arbitraires des gouvernements, est oublié et remplacé par un fictif « droit à la sécurité » qui autorise toutes les mesures policières.

Depuis des décennies, les libertés publiques ou fondamentales sont en recul en France. S’il s’enracine dans les années 1980, ce mouvement régressif et de surveillance généralisée s’est accéléré il y a une vingtaine d’années, après le 11 septembre 2001. Ce qui correspond à peu près à l’arrivée de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur. Se sont accumulées des lois sécuritaires à l’efficacité non prouvée, créant de nouveaux délits et participant à la propagation d’un -climat de menace diffuse, tandis que croissaient les violences policières. Les tragiques attentats que la France a connus à partir de 2015 ont été le prétexte à un renforcement de l’arsenal répressif. Les atteintes aux libertés justifiées par la pandémie de covid-19 n’ont rien arrangé à l’affaire.

 Adopter un point de vue offensif.

Pour autant, ce numéro n’est pas destiné à déplorer une situation ou à susciter l’effroi. Si nous avons ressenti la nécessité – nous, c’est-à-dire la Ligue des droits de l’Homme et la rédaction de Politis – de nous associer pour réaliser ce hors-série sur les libertés fondamentales, c’est bien sûr à partir du constat commun que celles-ci étaient attaquées, et que la tendance n’avait en rien été inversée ces dernières années, bien au contraire. Aussi, à quelques mois de l’élection présidentielle, se dessine au fil de ces pages une forme de bilan critique du quinquennat d’Emmanuel Macron sur ce sujet. Mais il nous tenait à cœur d’adopter un point de vue offensif par rapport à ces régressions, et de contribuer au « combat vital » en faveur des libertés fondamentales qu’il nous semble urgent de mener. C’est pourquoi les différents contributeurs et contributrices de ce numéro, que nous remercions vivement, ne se sont pas contentés de procéder à l’examen de nos libertés abîmées et de notre démocratie mal en point, mais avancent une somme de propositions, d’orientations nouvelles, de chemins à suivre propres à changer la donne. Il conviendrait de faire en sorte qu’ils ne restent pas lettre morte. Du côté des responsables politiques, bien sûr. Mais aussi pour ce qui nous concerne tous et toutes.

« Nous avons à garantir nos droits. La Déclaration de 1789 engage chacun de nous à exercer avec vigilance nos droits de citoyens. Personne ne protégera mieux nos libertés que nous-mêmes. » Ainsi s’exprimait Michel Tubiana, président d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme, à la mémoire duquel ce numéro est dédié.

Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

« L’extrême centre a toujours eu une pente devant lui le menant à l’extrême droite »
Entretien 2 septembre 2025

« L’extrême centre a toujours eu une pente devant lui le menant à l’extrême droite »

Le travail de l’historien de la Révolution Pierre Serna sur l’extrême centre, éclaire la façon dont le bloc central se disperse avant le départ probable de François Bayrou, le 8 septembre.
Par Hugo Boursier
Après l’annonce du vote de confiance, la Macronie en bande désorganisée
Politique 2 septembre 2025 abonné·es

Après l’annonce du vote de confiance, la Macronie en bande désorganisée

La stratégie de François Bayrou, arc-bouté sur son plan austéritaire, fragilise le bloc central. Les manœuvres du Premier ministre sont critiquées, la droite veut prendre son indépendance et les appels à une coalition par les macronistes ne sont pas entendus.
Par Lucas Sarafian
La gauche en désaccord sur l’après-Bayrou
Analyse 29 août 2025 abonné·es

La gauche en désaccord sur l’après-Bayrou

Socialistes, insoumis, écologistes et communistes échafaudent leurs stratégies pour l’après-8 septembre, jour où le premier ministre devrait très logiquement tomber. Et encore une fois, les gauches ne sont pas alignées.
Par Lucas Sarafian
L’avocate des victimes de l’agression raciste dans la Creuse menacée
Exclusivité 29 août 2025 abonné·es

L’avocate des victimes de l’agression raciste dans la Creuse menacée

Les violences se poursuivent à Royère-de-Vassivière. Après la « chasse au nègre » menée le 15 août, pour laquelle sept personnes ont porté plainte, leur avocate, Me Coline Bouillon, a été la cible de menaces de mort et de viol en ligne, d’après nos informations. Elle a déposé plainte.
Par Élise Leclercq