« Grand remplacement » : mortelle paranoïa

Le terroriste de Buffalo se dit « inspiré » par les thèses conspirationnistes du « remplacement par l’immigration » et du « génocide blanc ».

Politis  • 18 mai 2022
Partager :
« Grand remplacement » : mortelle paranoïa
© SCOTT OLSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Une attaque meurtrière a touché la ville de Buffalo (État de New York) le 14 mai. Payton Gendron, un suprémaciste blanc de 18 ans, y a tué dix personnes et blessé trois autres. Parmi les victimes : onze Afro-Américains. La motivation raciale derrière ce crime ne fait pas de doute. Le mot « nigger » était peint en blanc sur le canon de son arme d’assaut.

Payton Gendron est poursuivi pour meurtre avec préméditation avant que le FBI n’ouvre une enquête pour crime à motivation raciale. Peu avant son passage à l’acte, le jeune homme a publié en ligne un manifeste de 180 pages dans lequel il fait référence aux attentats de Christchurch (Nouvelle-Zélande) en 2019 et en Caroline du Sud en 2015, perpétrés par d’autres suprémacistes blancs. D’après des médias américains, le terroriste se dit « inspiré » par les thèses conspirationnistes du « remplacement par l’immigration » et du « génocide blanc ». Un discours de haine « qui se propage comme un virus », selon la gouverneure de l’État, Kathy Hochul.

De l’autre côté de l’Atlantique, le variant européen circule également. L’apparition de cette croyance paranoïaque remonte à plusieurs décennies, mais le terme « grand remplacement » apparaît en 2011. La contamination a été initiée par Renaud Camus, qui revendique la paternité de l’expression dans un ouvrage du même nom. Un temps reléguée à d’obscurs forums d’extrême droite, cette théorie complotiste s’est peu à peu installée dans le débat public. Malgré sa présence dans les manifestes de plusieurs terroristes ces dernières années, certains politiques continuent de la défendre, à l’instar d’Éric Zemmour.

Monde
Temps de lecture : 1 minute
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Ambitions internationales et continentales : l’avenir de l’Algérie se joue aujourd’hui
Monde 25 avril 2025

Ambitions internationales et continentales : l’avenir de l’Algérie se joue aujourd’hui

Comment se positionne l’Algérie dans la recomposition du monde ? Comme de nombreux pays européens et africains, avec ses forces et ses faiblesses, l’Algérie cherche sa place.
Par Pablo Pillaud-Vivien
En Cisjordanie occupée, la crainte d’une « nouvelle Nakba »
Reportage 23 avril 2025 abonné·es

En Cisjordanie occupée, la crainte d’une « nouvelle Nakba »

Depuis le début de la guerre, les raids de l’armée israélienne s’intensifient dans le nord du territoire occupé. Dans les camps de réfugiés palestiniens de Jénine et Tulkarem, près de 50 000 personnes ont été poussées hors de leurs maisons, sans possibilité de retour. À Naplouse, les habitants craignent de subir le même sort.
Par Louis Witter
« Israël est passé d’une ethnocratie à une dictature fasciste »
Entretien 23 avril 2025 abonné·es

« Israël est passé d’une ethnocratie à une dictature fasciste »

Le député communiste de la Knesset Ofer Cassif revient sur l’annexion de la Cisjordanie, le génocide à Gaza et l’évolution de la société israélienne.
Par Louis Witter
L’État binational, une idée juive
Analyse 23 avril 2025 abonné·es

L’État binational, une idée juive

L’idée d’un État commun a été défendue dès 1925, par l’organisation Brit Shalom et par des prestigieux penseurs juifs, avant de s’évanouir au profit d’une solution à deux États. Mais cette dernière piste est devenue « impraticable » au regard de la violente colonisation perpétrée à Gaza et dans les territoires palestiniens occupés aujourd’hui. Quelle autre solution reste-t-il ?
Par Denis Sieffert