L’homophobie ? Ils s’en foot !
Porte-parole du collectif Rouge direct, Julien Pontes déplore l’inertie des instances sportives face à la banalisation des injures dans les stades et sur les réseaux sociaux.
dans l’hebdo N° 1730 Acheter ce numéro

Cet entretien a été réalisé par Jean-Claude Renard, journaliste à Politis brutalement disparu le 31 octobre. La rédaction lui rend hommage ici avec plusieurs témoignages de collègues et amis.
« Paris, vous êtes des pédés, vous êtes des pédés… Ici, ce sont les hommes qui parlent. » Ces propos ont été tenus par Patrice Evra, ancien joueur défenseur de Manchester United et ancien capitaine de l’équipe de France de foot, à l’occasion d’une défaite du Paris Saint-Germain à Manchester, en 2019, en Ligue des champions.
Diffusés sous forme de vidéos sur les réseaux sociaux, ils ont conduit le joueur au tribunal de police de Paris pour « injure non publique ». Il risque 1 500 euros d’amende (certes une somme insignifiante pour lui). Prévu le 17 octobre, le procès a été renvoyé au 15 décembre.
Pour Julien Pontes, porte-parole du collectif anti-homophobie Rouge direct, la condamnation de Patrice Evra serait « un symbole fort », alors que les injures homophobes sont courantes dans les stades chaque week-end. À quelques semaines de la Coupe du monde de foot au Qatar, où la communauté LGBT n’est clairement pas la bienvenue, Julien Pontes revient sur ce fléau, trop souvent minoré ou ignoré par les instances sportives.
Quand le collectif Rouge direct est-il né ?
Julien Pontes : Nous nous sommes formés à la fin de l’année 2016. J’avais déjà été président de l’association Paris Foot Gay, de 2011 à 2015, ce qui a constitué une bonne expérience sur les questions d’homophobie dans le football. Le Paris Foot Gay a été très actif entre 2003 et 2015, puis nous avons constaté des reculs importants dans la volonté d’éradiquer ce fléau et nous nous sommes sentis découragés par le manque d’action en la matière.
Cependant, nous nous sommes dit que nous avions trop travaillé sur le sujet pour perdre tout ce travail et cette expérience. D’où la naissance, un an après la fin de Paris Foot Gay, du collectif Rouge direct, que nous concevons comme un lanceur d’alerte, avec l’intention d’engager des actions en justice pour faire cesser l’impunité de l’homophobie dans le football.
Quel bilan tirez-vous de ces premières années ?
Nous sommes d’abord très contents d’avoir repris la lutte, parce qu’elle nous semble plus nécessaire que jamais. L’impunité est toujours évidente et toujours insupportable, notamment dans le football professionnel.
Le foot a toujours drainé avec lui le culte du virilisme, fortement marqué par l’homophobie.
Quelles sont les expressions de cette homophobie ?
Ce sont des banderoles dans les stades, des chants insultants en Ligue 1 et en Ligue 2, sans que ces faits réprouvés par la loi soient sanctionnés ou fassent l’objet
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