L’utopie « concrète » du premier mur d’escalade en France
Au début des années 1980, trois professeurs d’EPS du lycée Robert-Doisneau de Corbeil-Essonnes et leurs élèves décident de créer en autonomie le premier mur d’escalade en intérieur de France. Récit d’une aventure singulière.
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© Martin Fort.
Tous les mercredis après-midi, la vingtaine d’élèves de l’AS Escalade du lycée Robert-Doisneau de Corbeil-Essonnes grimpent sur une pièce d’archéologie de la discipline. La paroi construite dans le gymnase de leur établissement est le premier mur d’escalade en intérieur de France. L’ajout de pans modernes de couleurs différentes lui a donné un caractère unique, à la manière d’une chemise dont les coudes auraient été rapiécés.
Cette œuvre de sept mètres de haut et de 300 mètres carrés a été pensée, dessinée et construite par trois professeurs d’EPS, un architecte militant et les élèves du club d’escalade de 1981 à 1983. « Le support est bien pensé, juge le professeur d’EPS présent ce mercredi après-midi d’octobre. Mais il n’y a pas les dernières évolutions, notamment la possibilité de changer les prises de place. »
Une de ses collègues ajoute : « Ce n’est pas une voie pour être champion mais, en revanche, tout le monde peut arriver en haut. » Passionnée par l’aventure autogestionnaire, politique et utopique du mur, elle prend le temps de la raconter à ses élèves à chaque début d’année.
En 1980, l’escalade n’est pas l’activité sur laquelle tout le monde se précipite, contrairement à aujourd’hui. La discipline lutte plutôt pour sa considération : elle se veut sport à part entière, alors que beaucoup ne l’estiment utile que pour aider les alpinistes à s’entraîner.
La Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT), qui a pour objectif de « former des sportifs émancipés et des citoyens », tente de démocratiser sa pratique en la rendant populaire. Une vision à rebours de la conquête des sommets, considérée comme élitiste et individualiste.
« Amener les montagnes dans les villes »Mais les militants touchent un paradoxe : comment créer une génération de grimpeurs alors que peu de Français ont une falaise à proximité pour s’exercer ? « L’époque disait qu’il fallait amener les montagnes dans les villes », retrace Yves Renoux, l’un des enseignants à l’origine du projet. La création de structures artificielles en intérieur est donc
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