Mégabassines : un long week-end de représailles
Interdictions préfectorales, répression musclée et accusations d’« écoterrorisme » : la répression du mouvement contre le chantier de la retenue d’eau de Sainte-Soline est encore montée d’un cran.
dans l’hebdo N° 1730 Acheter ce numéro

S'il y a eu de la violence dans les deux camps, il y a quand même un déséquilibre des forces entre d’un côté des bouts de calcaire et, de l’autre, des grenades GM2L et des tirs de LBD à la tête », confie Julien, encore choqué de la manifestation de la veille et venu soutenir ses camarades en garde à vue devant le commissariat de Ruffec, en Charente.
Le nouvel épisode de cette « guerre de l’eau » dans les Deux-Sèvres a connu une étape qui fera date, le week-end des 29 et 30 octobre à Sainte-Soline. L’interdiction du rassemblement par la préfecture, les routes bloquées le matin même et la présence d’environ 1 600 gendarmes et de quelques hélicoptères n’auront pas découragé les opposants au chantier.
Venus à près de 7 000, le samedi 29, à l’appel de près de 150 organisations (dont Les Soulèvements de la Terre, Bassines non merci et la Confédération paysanne), le chantier en question avait tout d’un symbole de cette lutte contre les mégabassines qui dure depuis cinq ans.
Prévue dans le projet global composé de 16 retenues d’eau géantes destinées à arroser l’agriculture productiviste dans la région, la bassine de Sainte-Soline impressionne par ses dimensions : 16 hectares, soit la taille de 22 terrains de foot. L’objectif des manifestants ? Faire tomber les grilles de ce cratère artificiel géant, vidé de ses engins de chantier.
Manifestation refusée« Il n’y avait rien à défendre là-bas, si ce n’est le symbole auquel la préfète ne voulait pas que l’on touche », synthétise Mélissa Gingreau, porte-parole du collectif Bassines non merci. « Nous avions fait une déclaration de manifestation, qui a été refusée. Le système de répression n’est là que pour faire taire ce mouvement. Cela fait cinq ans que nous nous battons à ce sujet et appelons à la tenue d’une vraie concertation, mais il n’y a pas moyen d’avoir un débat public, ni de manifester aujourd’hui. »
Tout semblait donc réuni pour que la manifestation dégénère, malgré un cortège principal pacifiste. Si les forces de l’ordre ont déploré une soixantaine de blessés dans leurs rangs (dont 22 « sérieux », sans autre détail), les manifestants en comptaient une cinquantaine.
Le cortège principal a progressé vers le chantier par vagues de manifestants se tenant la main, dans une ambiance joyeuse puis sous un déluge de projectiles. (Photos : Guy Pichard.)Derrière ces chiffres, la
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