Ce que les syndicats ont appris des gilets jaunes
Forte mobilisation dans les villes petites et moyennes, coagulation des colères, appel à manifester le samedi. Quatre ans après s’être fait déborder par le mouvement des gilets jaunes, les syndicats semblent en avoir retenu les enseignements.
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© Lily Chavance
Mardi 31 janvier, 1,272 million de personnes sont descendues dans la rue en France, selon le ministère de l’Intérieur. Contre une réforme sociale, on n’avait plus vu ça depuis 1995. C’est dire l’ampleur qu’a prise cette mobilisation contre la réforme des retraites. Et si les chiffres de la manifestation restent exceptionnels à Paris, c’est la mobilisation dans les villes petites et moyennes qui a le plus surpris.
« 6 000 à Saint-Omer, 4 600 à Auch, 9 000 à Saint-Quentin. Même sur la petite île de Groix, il y a eu 300 personnes ! C’est du jamais vu », souffle un cadre de Force ouvrière. Au sein des organisations syndicales, on ne s’attendait pas forcément à un succès si éclatant. « Je pense que les syndicats ont été surpris de ce succès. Avant le 19 janvier, on sentait la CFDT très prudente. Pour eux, c’était un peu quitte ou double, rien n’était certain », analyse Dominique Andolfatto, politiste, spécialiste des syndicats.
Aujourd’hui, à la veille d’un samedi 11 février qu’elles annoncent déjà comme historique, les organisations syndicales ont prouvé leur capacité à mobiliser largement, et au-delà de leurs cercles militants. Dans les cortèges, il n’est ainsi pas rare de croiser des primo-manifestants : « D’habitude, je ne manifeste pas. Je ne suis pas syndiqué, rien. Mais là, j’estime que le contrat social est cassé », explique Jean-Pierre, conducteur d’autocar de 58 ans, dans les rues de Laon (Aisne).
Coagulation des colèresPlusieurs, aussi, soulignent une accumulation de colères, dans des territoires où les préoccupations de pouvoir d’achat et de disparition des services publics viennent
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