La jeunesse se lève contre le vieux monde
Face aux attaques identitaires et virilistes des « anti-woke », une nouvelle génération mène le combat.
dans l’hebdo N° 1749 Acheter ce numéro

© Maxime Sirvins
Les minorités, combien de divisions ? Sans doute est-ce la question que posent les nouveaux réactionnaires de tout poil ou plus simplement nos « nouveaux fascistes », empruntant là le mot de Staline sur le Vatican.
C’est que, depuis quelques décennies, les « droites dures » ont, à tout le moins, réussi « à imposer leurs thèmes et leur vocabulaire dans l’espace public », parvenant à conquérir une certaine « hégémonie culturelle et intellectuelle ». Tout en adaptant leur lexique à l’époque pour le rendre présentable, et mieux exprimer leur haine des différences, des corps différents, des genres différents, des minorités, des femmes, des modes de vie différents des leurs.
Car les « réacs 2.0 » d’aujourd’hui se veulent « inventifs, cool et sympathiques ». Et voyez comme ils le sont, à considérer une partie de leur idiome : « virilisme conquérant », « préférence nationale et familiale », « Europe blanche », « identité nationale en butte au “grand remplacement” migratoire ».
Toutefois, ils continuent de faire peu de mystère de leur désir de violence : « Nous déclarons la guerre à tout ce qui rend l’Europe malade et risque de la tuer, […] à la fausse idéologie des soixante-huitards. Nous haïssons avec passion votre xénophilie hypocrite. […] Nous voulons être de vrais hommes et de vraies femmes. »
Outre l’adjectif « vrai » pour signifier un essentialisme de comptoir, on notera la haine de Mai 68, qui, avec 1936, fut sans doute le moment où, comme disait Deleuze dans son Abécédaire, « ils n’ont jamais eu aussi peur ».
Les « Tracts » de Gallimard, qui ont inauguré les nombreuses collections bon marché disponibles aujourd’hui chez tous les éditeurs, sont autant de petits essais, coups de gueule, interventions qui autorisent une vive liberté de ton. Sans mâcher ses mots. Et François Cusset, historien des idées à l’université Paris-Nanterre, ne tempère pas, à juste titre, sa présentation de la « haine de l’émancipation » et « l’hystérie identitaire » de ces idiots utiles du capital.
Une jeune génération dont le rapport immédiat au monde est désormais sa perception de la différence et de sa propre identité problématique.
Mais on aurait tort de lire son texte comme une énième dénonciation ou mise en garde contre ces droites extrêmes qui ont pris pied en Occident et pullulent sur une bonne partie du globe, de l’Inde aux Philippines, de la Russie au Moyen-Orient ou aux États du Golfe. Là où l’exploitation est indissociable du racisme, du sexisme et des discriminations.
François Cusset s’intéresse ici, au contraire, à la jeunesse du monde qui, « face à une adversité ravivée », se lève aujourd’hui
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