Répression policière : « Des violences inacceptables dans un État de droit »

Des élu.es parisien.nes et francilien.nes dénoncent la violente répression policière qui a cours contre les manifestants, depuis le déclenchement du 49.3, qui installe un climat de peur et de haine.

Collectif  • 21 mars 2023
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Répression policière : « Des violences inacceptables dans un État de droit »
Manifestation nocturne contre la réforme retraites et le recours au 49.3, le 20 mars 2023 à Paris.
© Lily Chavance

Les violences commises ces derniers jours sont inacceptables dans un État de droit. À la violence sociale du projet de réforme des retraites s’est superposée la violence du recours au 49.3, arme constitutionnelle létale pour une démocratie déjà à bout de souffle. Le rejet de la motion de censure, à 9 voix près, a amplifié les mobilisations contre la réforme des retraites. 

Des manifestations spontanées se sont ajoutées aux actions des grévistes et aux rassemblements organisés par l’intersyndicale, dans un climat de colère inégalé jusqu’à présent. À cette colère, les forces de police répondent par un usage de la force souvent disproportionné et de trop nombreuses actions brutales.

La montée des tensions et des violences installe un climat de peur et de haine inacceptable.

Les images et les témoignages se multiplient, faisant constat de charges dangereuses de la BRAV-M ou encore de nasses organisées par les forces de l’ordre. Le Conseil d’État avait jugé une première fois illégal l’usage des nasses car entravant les libertés fondamentales, de circuler, de manifester et la liberté de la presse.

La nouvelle version du schéma national de maintien de l’ordre parle désormais de « techniques d’encerclement ». Des recours sont en cours, mais l’observation des élu•es comme des associations livre un constat sans appel : les dispositifs de médiation sont absents, de même que l’information et la possibilité systématique de sortir des manifestations. Les nasses sont encore employées pour casser les cortèges et intimider les manifestant•es.

La Cour de Cassation l’a pourtant rappelé en juin 2022 : le simple fait de participer à une manifestation non déclarée ne peut constituer une infraction. Pire, plusieurs témoins ont fait état de l’usage de lanceurs de balles de défense, responsables de blessures graves et pouvant être parfois mortelles. Et c’est sans compter sur le nombre inutilement élevé de gardes à vue avec l’objectif de ficher les manifestants.

Jeudi dernier, sur la place de la Concorde, ce sont 292 personnes interpellées pour seulement 9 d’entre elles déférées devant la justice. Ces gardes à vue nombreuses et qui ne donnent pas suite à des qualifications pénales servent à criminaliser le mouvement social et renforcer le fichage des manifestant•es.

Nous pensions avoir quitté définitivement l’ère Lallement, les violences policières impunies, et la tension entretenue face aux mobilisations des gilets jaunes. Ce n’est manifestement pas le cas. La violence arbitraire et les privations de liberté sans raison n’ont pas leur place dans un état de droit. Il faut revenir à un usage proportionné de la force et supprimer les brigades mobiles comme la BRAV-M, héritière des sinistres « voltigeurs », qui n’ont pour seul objectif d’effrayer les manifestant•es par la violence.

La démocratie n’est pas un supplément d’âme mais le fondement de notre République.

La montée des tensions et des violences installe un climat de peur et de haine inacceptable. Tout semble fait pour décourager les manifestant•es à participer aux rassemblements. Pourtant, leur interdire de s’exprimer dans la rue, même insidieusement, remet en cause un droit fondamental et pourrait aboutir au pire.

Nous, élu•es parisien•nes et francilien.nes, nous souhaitons que soit respecté le droit fondamental de se rassembler et d’exprimer ses opinions sans avoir à subir un usage disproportionné de la force, voire une répression violente. La démocratie n’est pas un supplément d’âme mais le fondement de notre République.


Signataires

Jean-Baptiste PEGEON, Conseiller régional Île-de-France de Paris

Raphaëlle RÉMY-LELEU, Conseillère de Paris

Antoine ALIBERT, Adjoint du XXe arrondissement et Secrétaire départemental EELV Paris

David BELLIARD, Maire-adjoint de Paris en charge de la transformation de l’espace public, des transports, des mobilités, du code de la rue et de la voirie

Frédéric BADINA, Conseiller de Paris 

Sandrine CHARNOZ, Maire-adjointe de Paris en charge des sociétés d’économie mixte et sociétés publiques locales

Alice COFFIN, Conseillère de Paris 

Jean-Luc DUMESNIL, Conseiller régional Île-de-France de Paris

Guillaume DURAND, Adjoint à la Maire du XIVe arrondissement de Paris

Nour DURAND-RAUCHER, Conseiller de Paris

Jérôme GLEIZES, Conseiller de Paris 

Antoinette GUHL, Vice-présidente de la Métropole du Grand Paris

Frédéric HOCQUARD, Maire-Adjoint de Paris en charge du tourisme et de la vie nocturne

Anne-Claire JARRY-BOUABID, Conseillère régionale Île-de-France de Paris

Dan LERT, Maire-adjoint de Paris en charge de la transition écologique, du plan climat, de l’eau et de l’énergie

Emile MEUNIER, Conseiller de Paris

Aminata NIAKATE, Conseillère de Paris

Carine PETIT, Maire du XIVe arrondissement de Paris

Emmanuelle PIERRE-MARIE, Maire du XIIe arrondissement de Paris

Anne SOUYRIS, Maire-adjointe de Paris en charge de la santé 

Alice TIMSIT, Conseillère de Paris

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Publié dans
Tribunes et Permis de lutter

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