Syndicats étudiants : « Il faut construire quelque chose avec toute cette colère »
Les organisations de jeunesse veulent renforcer leurs rangs et bataillent pour capter une mobilisation qui se veut plus spontanée et radicale depuis l’annonce du 49.3, à l’image d’un nouveau syndicat, l’Union étudiante.
dans l’hebdo N° 1753 Acheter ce numéro

© Lily Chavance
Des grues, des pelleteuses et le bruit dur des barres d’acier dans un quartier en ébullition. Devant le café proche de l’université Paris-Cité du 13e arrondissement de la capitale, où se tient la conférence de presse de l’Union étudiante, nouvelle organisation syndicale qui réunit l’Alternative et dix-sept sections locales de l’Unef, mardi 4 avril, le chantier en cours est à l’image des organisations de jeunesse : en pleine reconstruction.
https://twitter.com/unionetudiante_/status/1643675698370945029?s=20Après la défaite contre la sélection à l’université (loi ORE) en 2017 et les échecs contre la mise en place de Parcoursup en 2022, les syndicats étudiants et lycéens se saisissent de la mobilisation contre la réforme des retraites pour s’afficher comme le meilleur porte-voix de la jeunesse contre le pouvoir.
« Les mouvements sociaux sont des moments de transformation de soi. On sent qu’on fait partie de quelque chose de plus grand que nous. L’urgence nous oblige à agir », explique Éléonore Schmitt, porte-parole de l’Union étudiante. Une forme de revanche pour une classe d’âge qui enchaîne les crises. « Ma génération n’a connu que le covid-19 et la sélection. Depuis, l’individualisation est plus forte. Ce phénomène dissout plus facilement les tentatives d’organisation collective », poursuit l’étudiante en science politique.
Les mouvements sociaux sont des moments de transformation de soi.
Un début d’explication pour comprendre pourquoi les jeunes ne se sont massivement impliqués dans le mouvement qu’à partir de début mars, voire du 16 mars, date de l’utilisation du 49.3, soit quasiment deux mois après la première manifestation nationale ? « La mobilisation a été plus importante immédiatement après le 49.3 parce qu’on ne touchait plus à une revendication, la bataille des retraites, mais à un élément plus traditionnel parmi les étudiants : la lutte pour la liberté. C’est un combat très ancien, qui touche au respect de la démocratie », analyse le politiste Robi Morder.
Le 23 mars, une semaine après l’annonce du 49.3, l’Unef annonçait 500 000 jeunes dans les rues dans toute la France. Des blocages inédits ont suivi. C’est le cas notamment à Assas ou à Dauphine, à Paris, à Lyon-III, ou à la faculté de droit de Rennes, jeudi 6 avril. Comme si la forte mobilisation des jeunes depuis le 16 mars était surtout due au coup de menton de trop d’Emmanuel Macron, plutôt qu’aux appels aux assemblées générales, aux blocages et aux manifestations lancés par les syndicats étudiants depuis le 19 janvier, dont deux d’entre eux – l’Unef et la Fage – siègent à l’intersyndicale.
Une lente structurationCette centralisation du combat autour du chef de l’État contribue, après le mouvement des gilets jaunes dont les jeunes, et surtout les étudiants, étaient relativement éloignés, à « transformer en rage légitime la défiance généralisée d’une grande partie de la population vis-à-vis de Macron et de son gouvernement », observe Ugo Palheta, sociologue à l’université de Lille et auteur d’un article proposant onze thèses politiques sur le mouvement social
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