Macron le cancre, selon Fitch

L’agence de notation a abaissé la note de la France. Et si elle évoque le dossier des retraites, c’est surtout l’analyse basique de la dette française qui explique cette sanction, dette alimentée notamment par l’arrosage d’aides publiques dont bénéficient les entreprises et la baisse de la pression fiscale.

Gilles Raveaud  • 10 mai 2023
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Macron le cancre, selon Fitch
Manifestation contre la réforme des retraites, à paris, le 7 février 2023.
© Lily Chavance.

Le 28 avril, l’agence de notation Fitch, l’une des plus importantes au monde, a légèrement dégradé la note qu’elle attribue à l’État français, la passant de « AA » à « AA– ». Cette note permet aux fonds de pension, assurances, banques qui nous prêtent de l’argent d’estimer le risque qu’elles prennent. Pourquoi cet abaissement ?

Certes, l’agence mentionne « les protestations contre la réforme des retraites ». Pour ces experts, « l’impasse politique et les mouvements sociaux […] pourraient créer des pressions en faveur d’une politique budgétaire plus expansionniste ou d’un renversement des réformes précédentes (1) ».

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« Fitch Downgrades France to “AA–» ; Outlook Stable », 28 avril 2022.

Mais ce point n’est pas le plus important. Il n’arrive qu’après le niveau de la dette publique, les faibles perspectives de réduction de celle-ci, la faible croissance à attendre et le haut niveau des taux d’intérêt. En effet, Fitch se livre à une analyse basique de la dette française, dans laquelle deux facteurs la poussent à la hausse – les déficits annuels et les taux d’intérêt – tandis que deux la diminuent – la croissance économique et l’inflation.

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Or le diagnostic est facile à établir : loin des grands discours selon lesquels « le quoi qu’il en coûte, c’est fini », le gouvernement continue d’arroser les entreprises, sans rien leur demander en contrepartie. Comme l’écrit Fitch, « le gouvernement prévoit de continuer à mettre en œuvre des mesures visant à réduire la pression fiscale publique nette, telles que la réduction du taux d’imposition des sociétés de 33 % à 25 % ». Le terme de « pression fiscale », c’est évidemment le langage des dominants.

Emmanuel Macron, depuis sa nomination à Bercy s’est fixé un but dans la vie : piller l’État.

Emmanuel Macron, depuis sa nomination à Bercy en août 2014, il y a bientôt neuf ans, s’est en effet fixé un but dans la vie : piller l’État. Création du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), pérennisé en baisse éternelle de « charges » ; baisse de l’impôt sur les sociétés, donc ; suppression de l’ISF et de divers « impôts de production » ; diminution de l’imposition des dividendes ; suppression de la taxe d’habitation… Au total, des centaines de milliards d’euros perdus par l’État.

Pour quel résultat ? Une industrie qui stagne, des déficits commerciaux records, et peu de créations d’emplois au regard des sommes, folles, engagées (2). L’an dernier, la charge de la dette (3), c’est-à-dire le seul paiement des intérêts, nous a coûté 53 milliards d’euros. Soit presque le budget de l’Éducation nationale (59 milliards).

À la fin de son mandat, Emmanuel Macron ne nous laissera pas seulement un pays divisé et meurtri. Mais aussi une énorme dette publique qui va fortement contraindre les choix de ses successeurs.

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Fiche Fipeco « La charge d’intérêts de la dette publique », sur l’excellent site (gratuit) fipeco.fr

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