Un gigantisme aberrant

Politis  • 8 février 2024
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Un gigantisme aberrant
L'Annelies Ilena dans le port d'IJmuiden (Pays-Bas) en mars 2022.
© Joost J. Bakker (licence CC 2.0)

La Compagnie des pêches de Saint-Malo vient de dépenser 15 millions d’euros pour exploiter le plus gros chalutier du monde, apprend-on à l’écoute d’une chronique de Camille Grenier sur France inter (30 janvier) qui alerte sur cette aberrante acquisition. L’Annelies Ilena – c’est son nom –, surnommé « navire de l’enfer » quand il opérait en Mauritanie, peut pêcher 4 tonnes de poisson par jour et en stocker 7 000 tonnes dans ses cales, en l’occurrence du merlan bleu. Pour faire du… surimi qu’aucune quête de souveraineté alimentaire ne justifie.

Le poisson pêché est ensuite broyé dans ce navire-usine « avec différentes choses dont du sucre et du sel pour en faire une pâte de poisson qui est ensuite conditionnée et congelée », explique l’association Bloom. Ses 145m l’empêchant d’entrer dans le port de Saint-Malo, ce géant des mers pourrait débarquer sa pâte de poisson aux Pays-Bas (où réside la société Parlevliet & Van der Plas, actionnaire de la Compagnie des pêches de Saint-Malo et copropriétaire du bateau), afin de la transformer là-bas ou de la transporter en camion (!) jusque dans l’usine en Bretagne, puisqu’il faut y ajouter de la couleur et du goût pour faire croire à du crabe.

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