Une femme disparaît

Dans Disparition inquiétante d’une femme de 56 ans, Anne Plantagenet conte l’histoire d’une ouvrière dont la vie est broyée par le travail.

Lola Dubois-Carmes  • 1 mai 2024 abonné·es
Une femme disparaît
© Felicity Lynn / Unsplash

Disparition inquiétante d’une femme de 56 ans/ Anne Plantagenet / Seuil, 153 pages, 17,50 euros.

C’est une femme d’une cinquantaine d’années, énergique et colorée, que rencontre Anne Plantagenet lors du tournage d’En guerre, réalisé par Stéphane Brizé. Letizia Storti y joue son propre rôle, celui d’une ouvrière, déléguée syndicale, en lutte pour faire valoir les droits des travailleurs face à des patrons aveugles aux souffrances de leurs salariés. L’autrice la repère immédiatement et l’interviewe. Elle apprend alors que Letizia travaille depuis plus de trente ans dans l’usine Upsa, où sont fabriqués entre autres le Dafalgan et l’aspirine. Elle lui raconte son quotidien, les gestes répétés et les horaires décalés, mais c’est avant tout son esprit solaire que l’écrivaine retient.

Les deux femmes échangent de temps à autre des nouvelles et se retrouvent finalement à Cannes, où le film est projeté. Puis les messages s’espacent. Letizia s’est blessée et est reconnue « travailleuse handicapée ». À l’usine, c’est le début d’une spirale infernale dont elle ne parvient pas à s’échapper. L’écriture, proche de la chronique, dessine les contours d’une vie invisible, écrasée par la productivité. La disparition, métaphorique puis réelle, résonne comme un leitmotiv au fil des pages. Un récit qui suscite l’indignation.

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Littérature
Temps de lecture : 1 minute