« Si tu veux rester en France, silence ! »
Abdourahmane Ridouane, président de la mosquée de Pessac, est placé en centre de rétention, dans l’attente de son expulsion. Quand le ministère de l’Intérieur cessera-t-il de s’en prendre aux structures, associations et personnalités musulmanes ?
Comme d’autres avant lui, Abdourahmane Ridouane, président de la mosquée de Pessac (et non imam comme le répètent à l’envi le ministère de l’intérieur et les médias, est placé en centre de rétention administrative. Au mépris de la justice, de la liberté d’expression et d’opinion, M. Darmanin a récidivé : il a décidé seul d’un avis ministériel d’expulsion, en dépit de toutes ces victoires judiciaires successives favorables à Abdourahmane Ridouane.
Il ne s’agit pas seulement d’atteinte aux libertés d’opinion et d’expression à l’endroit de ce citoyen mais à la liberté d’expression de tous les citoyens de ce pays. Bien déterminé à en découdre, le ministère de l’Intérieur, faisant fi de l’ensemble de ces décisions, s’engage dans une vendetta, en faisant de ce dossier et ceux de sa « liste » une affaire personnelle.
Il s’agit bel et bien d’un déni de démocratie qui se passe sous nos yeux.
Alors même qu’une décision de justice exigeait que la préfecture de la Gironde lui octroie son titre de séjour, un avis ministériel d’expulsion a été délivré manu militari le 4 août 2024 à l’encontre d’Abdourahmane Ridouane. Il a dès lors fait l’objet d’une interpellation à son domicile quatre jours plus tard, le 8 août 2024 à 6 h 30 du matin et est depuis détenu au centre de rétention de Mesnil-Amelot dans l’attente d’une expulsion imminente.
Il s’agit bel et bien d’un déni de démocratie qui se passe sous nos yeux, orchestré pendant les JO, de surcroît en pleine période estivale, profitant ainsi de l’absence de son conseil Me Guez Guez et de la majorité de ses soutiens pour éviter l’impact de cette décision et limiter toute mobilisation populaire.
Sous couvert d’une affaire décrite comme « sensible », celle-ci a été dépaysée, précisément pour éviter les élans de solidarité qui se sont exprimés à Pessac et dans la région de Bordeaux où la probité et la droiture de M. Ridouane sont incontestables, comme en témoignent son voisinage ainsi que les associations cultuelles et culturelles. À l’évidence, c’est une affaire politique qui servirait de marche pied à l’Élysée pour M. Darmanin.
Ce qui se joue dans cette frénésie n’est autre que la volonté de museler les voix dissonantes de citoyens dont des musulmans et intellectuels qui dénoncent les discriminations islamophobes, le génocide actuel en Palestine tout comme la Françafrique. Preuve en est, les perquisitions, intimidations, fermetures de mosquées, expulsions y compris des personnes dites protégées sont devenues des pratiques récurrentes depuis la loi séparatisme d’août 2021 : un arsenal mis à la disposition des préfets pour renforcer leur pouvoir et restreindre les libertés de ces voix qui dénoncent !
Les libertés d’expression et d’opinion sont en danger.
Les libertés d’expression et d’opinion sont en danger : pour preuve la décision du Conseil d’État du 17 septembre 2024 qui vient enfoncer le clou ! Il en est de même pour la liberté de culte qui se vide de sens notamment au regard de l’entrave à l’organisation du culte de l’islam en France par l’ingérence du ministère de l’intérieur au mépris de la loi de 1905 fondée sur le principe de la séparation de l’Église et de l’État.
Sous Darmanin comme sous Retailleau, nous ne nous tairons jamais ! « Il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois et avec les couleurs de la justice » (Montesquieu).
Les Comités de soutien de Pessac et de Paris d’Abdourahmane Ridouane.
Signataires
Élus :
- Adel AMARA, Conseiller municipal de Villiers-sur-Marne
- Raphaël ARNAULT, Député LFI
- Eric COQUEREL, Député LFI
- Zahia HAMDANE, Députée LFI
- Nassim LACHELACHE, Adjoint au Maire de Fontenay-sous-Bois
- Jérôme LEGAVRE, DéputéParti Ouvrier Indépendant
- Thomas PORTES, Député LFI
- Philippe POUTOU, Élu conseiller municipal NPA Bordeaux
- Omar SLAOUTI, Conseiller municipal à Argenteuil
- Luce TROADEC, Conseillère municipale de Valenciennes
Autres signataires de la société civile :
- Gamal ABINA, Journaliste consultant pour médias internationaux
- Michel ALBAGNAC, Ancien fonctionnaire territorial et militant anti-impérialiste
- Omar ALSOUMI (Urgence Palestine)
- Yannis ARAB, Militant et chercheur universitaire
- Simon ASSOUN, Porte-parole de TSEDEK
- Bally BAGAYOKO, Militant antiraciste
- Taoufik BARBOUCHA, Ingénieur et Responsable associatif
- Benjamin BELAIDI, Militant associatif
- Feïza BEN MOHAMED, Journaliste
- Karima BERKOUKI, Juriste, Responsable du Pôle Juridique de la Plateforme L.E.S. Musulmans
- Smail BESSAHA, Militant syndicaliste CGT Culture
- Saïd BOUAMAMA, Sociologue, militant au Front Uni des Immigrations et des Quartiers populaires (FUIQP)
- Norha BOUKARA, Avocate
- Alima BOUMEDIENE-THIERY, Avocate (Association Femmes Plurielles)
- Samir BOUSNINA, Chroniqueur à Paroles d’honneur
- Houria BOUTELDJA, Militante politique QG Décolonial, essayiste
- Youcef BRAKNI (Assemblée des quartiers)
- Henri BRAUN, Avocat au Barreau de Paris
- Jean Michel BRUN, Journaliste et politologue
- François BURGAT, Politologue et islamologue
- Emmanuel CASAJUS, Chercheur
- Rafik CHEKKAT, Avocat
- Elodie CLAEYS, Vidéaste et Editrice (Editions Isabelle Sauvage)
- Françoise CLÉMENT, Economiste, Militante altermondialiste
- Marie COSNAY, Ecrivain
- Caroline CRANSKENS, Vidéaste
- Ouiza DALI, Juriste
- Patrick K. DEWDNEY, Auteur
- Elias D’IMZALENE Perspectives Musulmanes Urgence Palestine
- Rokhaya DIALLO, Journaliste, militante féministe et antiraciste
- Gaëtan DIDELOT, Libraire
- Carmen DIEZ, Poète Andalouse
- Sophie DJIGO, Philosophe Institut Convergence Migration, militante pour les droits humains des exilés
- Iman DOUIS, Représentante CSE Sud
- Nasser EL IDRISSI (ATMF)
- Camille ESCUDERO, Artiste
- Rayan FRESCHI, Chercheur pour CAGE International
- Isabelle GARO, Philosophe
- Alain GRESH, Journaliste
- Mohamed GUELATTI, Metteur en scène
- Nacira GUÉNIF-SOUILAMAS, Universitaire militante anti-raciste
- Sefen GUEZ GUEZ, Avocat
- Gabriel HAGAI, Rabbin et acteur du dialogue interreligieux
- Nadia HAMIDI, Sociologue, auteure et conférencière
- Almamy KANOUTE (Assemblée des quartiers)
- Anasse KAZIB, Révolution Permanente
- Saber KEII, Réalisateur indépendant
- Widad KETFI, Journaliste indépendante
- Fatiha KHETTAB, Militante droit des étrangers
- Fateh KIMOUCHE, Journaliste et fondateur d’AL KANZ
- Olivier LE COUR GRANDMAISON, Universitaire en science politique
- Albert LÉVY, Avocat syndicaliste et ancien magistrat
- Laurent LÉVY, Avocat
- Pierre LINGUANOTTO, Cinéaste
- Bouna Chames Eddine MBAYE, Militant de la Ligue Panafricaine-Umoja (LP-U)
- Mehdi MEFTAH (Parti des Indigènes de la République)
- Nadia MEZIANE Collectif Ligne de Crêtes
- Sofiane MEZIANI, Auteur et enseignant
- Marwan MUHAMMAD, Statisticien
- Dominique NATANSON (Union Juive Française pour la Paix_ UJFP)
- Ugo PALHETA, Sociologue
- Charles PENNEQUIN, Ecrivain
- Christine POUPIN, Porte-parole du NPA
- Ali RAHNI, Militant associatif et politique
- Catherine SAMARY, Économiste, militante féministe et antiraciste
- Manu SCORDIA, Dessinateur et illustrateur engagé
- Sbeih SBEIH, Sociologue
- Michèle SIBONY (Union Juive Française pour la Paix)
- Thomas SIBILLE, Libraire
- Laurent SOREL, Conseiller de Paris et suppléant de Danielle SIMONNET
- Julien TALPIN, Sociologue
- Assa TRAORÉ (Comité Adama)
- Françoise VERGÈS, Autrice et militante
- Pedro VIANNA, Poète, homme de théâtre, enseignant universitaire
Organisations :
- CAGE International
- CALAM MEDIA
- CCIE (Collectif de lutte Contre l’Islamophobie en Europe)
- Coudes à Coudes
- Comité Action Palestine
- Étudiants Musulmans de France (EMF)
- EuroPalestine
- Fondation Frantz Fanon
- Identité Plurielle
- Lallab
- Les Alliés de la Paix
- Parti des Indigènes de la République (PIR)
- Rassemblement des Musulmans de Pessac (RMP)
- TSEDEK (Collectif Juif Décolonial)
- UDMF (Union des Démocrates Musulmans Français)
- UJFP (Union Juive Française pour la Paix)
Des contributions pour alimenter le débat, au sein de la gauche ou plus largement, et pour donner de l’écho à des mobilisations. Ces textes ne reflètent pas nécessairement la position de la rédaction.
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