Pour préserver nos emplois et notre souveraineté, Carrefour doit rester sous pavillon français

Alors que l’assemblée générale de Carrefour s’annonce tendue, ce mercredi 28 mai, à Massy (Essonne), un groupe de députés de gauche plaide pour que le géant de la grande distribution alimentaire reste sous pavillon français.

Collectif  • 28 mai 2025
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Pour préserver nos emplois et notre souveraineté, Carrefour doit rester sous pavillon français
© Markus Spiske / Unsplash

Quatre ans après la tentative de rachat avortée par le groupe québécois Couche-Tard et quelques mois après l’approche du néerlandais Ahold Delhaize en vue d’une éventuelle acquisition, nous réaffirmons la nécessité de conserver Carrefour sous pavillon français.

Dans le contexte de guerre commerciale que nous connaissons, la France doit plus que jamais renforcer sa souveraineté. Toutes les grandes puissances ont défini depuis des décennies quels étaient leurs domaines de souveraineté nationale.

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À l’inverse, la France a longtemps laissé faire : Péchiney, Alstom, Lafarge, Technip, Alcatel, Latécoère… Les exemples sont nombreux de nos entreprises passées sous pavillon étranger, entraînant une perte de souveraineté indéniable mais également des suppressions et des délocalisations d’emplois.

Alors que Carrefour a failli être racheté par le québécois Couche-Tard en 2021, en pleine pandémie de covid-19, la France avait su s’interposer au nom de la sécurité alimentaire pour empêcher cette vente. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie de l’époque, avait alors alerté sur la mise en danger de notre capacité à « assurer à la population l’accès à une alimentation sûre, saine, diversifiée, de bonne qualité et en quantité suffisante ».

La France a permis à Carrefour de se développer et a encore distribué près de 330 millions d’euros d’aides publiques à l’entreprise en 2024.

L’intérêt spéculatif des actionnaires

Mais le danger principal résidait bien dans les risques pour l’emploi, alors que la moitié des hypermarchés de Carrefour étaient déficitaires, et qu’un rachat aurait probablement acté une réorganisation de l’activité passant par la fermeture de certains d’entre eux causant ainsi des plans de licenciements.

Quatre ans après, à la veille de l’assemblée générale du groupe et alors que le PDF, Alexandre Bompard, cherche toujours à vendre Carrefour pour améliorer sa valorisation boursière, la France doit de nouveau s’opposer à toute tentative de rachat du groupe par un concurrent étranger en utilisant tous les outils à sa disposition, et notamment le « décret Montebourg ».

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Carrefour est la troisième plus grosse entreprise du CAC40 en termes de chiffre d’affaires (le groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 94,5 milliards d’euros en 2024) et a pendant longtemps été le premier employeur privé de France (avec plus de 110 000 employés contre désormais 85 000 dans tout le pays).

Son rachat aurait de lourdes conséquences sur l’emploi en France : transfert des centres de décision, exigence de rentabilité accrue… L’intérêt court-termiste et spéculatif des actionnaires de Carrefour qui souhaitent vendre leurs actions à un meilleur prix ne doit pas prévaloir sur l’intérêt à long terme de l’entreprise, de ses salariés, et de la France.

Des milliers d’emplois menacés

Si on comprend bien qu’Alexandre Bompard souhaite que la valeur de l’action augmente puisqu’il en détient à date 1,28 million (soit une valeur d’environ 18,6 millions d’euros), ce n’est ni dans l’intérêt de l’entreprise, ni de ses salariés, ni de l’État français que de voir Carrefour passer sous pavillon étranger.

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La France a permis à Carrefour de se développer et a encore distribué près de 330 millions d’euros d’aides publiques à l’entreprise en 2024. Elle a son mot à dire sur son futur et sur la préservation de ses emplois, alors que de trop nombreux exemples ont montré ces dernières années que les fusions aboutissent régulièrement à un fiasco pour l’entreprise qui est rachetée.

Elle a aussi son mot à dire sur les milliers d’emplois menacés par le passage de ses magasins en location-gérance, ou sur son implantation dans les colonies israéliennes illégales de Cisjordanie, qui seront au cœur des débats de l’assemblée générale du groupe ce mercredi.

Mais pour cela, Carrefour doit rester sous pavillon français. Pas seulement parce que son logo est bleu-blanc-rouge. Pas seulement parce qu’il est un fleuron national. Mais pour préserver nos emplois et notre souveraineté.


Signataires 

  • Emmanuel Duplessy, député du Loiret (Écologiste et Social)
  • Aurélie Trouvé, députée de Seine-Saint-Denis (LFI), présidente de la commission des affaires économique)
  • Arthur Delaporte, député du Calvados (Socialistes et apparentés)
  • Elsa Faucillon, députée des Hauts-de-Seine (Gauche démocrate et républicaine)
  • Benjamin Lucas-Lundy, député des Yvelines (Écologiste et Social), rapporteur de la commission d’enquête sur les défaillances des pouvoirs publics face à la multiplication des plans de licenciements
  • Charles Fournier, député d’Indre-et-Loire (Écologiste et Social), vice-président de la commission des affaires économiques
  • Sophie Taillé-Polian, députée du Val-de-Marne (Écologiste et Social)
  • Nicolas Sansu, député du Cher (Gauche démocrate et républicaine)
  • Pouria Amirshahi, député de Paris (Écologiste et Social)
  • Sabrina Sebaihi, députée des Hauts-de-Seine (Écologiste et Social)
  • Tristan Lahais, député d’Ille-et-Vilaine (Écologiste et Social)
  • Arnaud Bonnet, député de Seine-et-Marne (Écologiste et Social)
  • Alexis Corbière, député de Seine-Saint-Denis (Écologiste et Social)
  • Sébastien Peytavie, député de Dordogne (Écologiste et Social)
  • Clémentine Autain, députée de Seine-Saint-Denis (Écologiste et Social)
  • François Ruffin, député de la Somme (Écologiste et Social)
  • Boris Tavernier, député du Rhône (Écologiste et Social)
  • Pierrick Courbon, député de la Loire (Socialistes et apparentés)
  • Sébastien Saint-Pasteur, député de Gironde (Socialistes et apparentés)

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