Face à la résistible ascension de l’extrême droite, une force vivante
La Fondation Copernic a créé un groupe de travail pour contribuer à renforcer un front social unitaire émancipateur.
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© ÉRIC BRONCARD / HANS LUCAS / AFP
Par Amandine Cormier, Ingrid Darroman, Gérard Delahaye.
La victoire de Donald Trump et sa prise en main brutale de l’appareil d’État états-unien ont constitué un choc pour toutes celles et tous ceux qui font partie du bloc progressiste. L’obscénité du discours concernant Gaza ou l’adhésion aux appétits impérialistes de Vladimir Poutine en Ukraine ont plongé nombre d’entre nous dans la sidération. Ce changement de donne semble consacrer une tendance historique de fond planétaire, où les droites radicales s’emparent du pouvoir ou s’en rapprochent dangereusement pour imposer une hégémonie fondée sur leurs logiciels idéologiques réactualisés.
Ce réseau international des droites radicales converge autour d’un agenda ethno-différentialiste dont l’islamophobie en France est un symptôme. Il donne corps à un antagonisme irréconciliable opposant les droits des « natifs » à ceux désignés comme venant d’un « ailleurs » indésirable, porteurs d’une menace sur l’identité supposée uniforme des peuples. Cette pulsion dévastatrice vise, au-delà des migrant·es, les populations racisées et d’origine étrangère.
Cette montée en puissance survient dans un moment historique caractérisé par une crise commencée en 2008 qui révèle l’épuisement d’un régime d’accumulation tiré par la finance. À cela, s’ajoutent le grand ralentissement et la poussée inflationniste consécutifs à la pandémie de covid et la fin d’un monde bipolaire. Les tenants d’un multilatéralisme fondé sur la prééminence des politiques de puissance les plus mortifères (Palestine, Ukraine etc.) nient également l’aggravation du réchauffement climatique et de la crise écologique, qui rend vitale la remise en cause globale des fondements du capitalisme.
Fuite en avant autoritaire
La crise de gouvernabilité caractérisée par l’impossibilité croissante, pour les blocs sociaux dominants, de maintenir leur hégémonie nourrit la tentation d’une fuite en avant autoritaire, conjuguant la violence sociale et économique à la violence d’État parallèlement à la déconstruction de l’État de droit et de l’État social. Elle met en péril l’ensemble des avancées arrachées par les luttes du monde du travail, des mouvements féministe et LGBTQIA+. L’écologie de rupture est criminalisée par les tenants d’un capitalisme fossile et extractiviste.
Fascisme, néofascisme, fascisation, post-fascisme, il ne s’agit pas de trancher les débats sur la caractérisation du danger mais plutôt de penser l’ensemble d’un phénomène qui se réfère aux fascismes historiques et présente des aspects inédits, comme les interactions entre idéologues high-tech de la Silicon Valley et prophètes de l’eurasisme. Le basculement d’un certain nombre de fractions du capitalisme se poursuit en faveur de cette option, résumée sous l’étrange oxymore de démocratie dite « illibérale ».
Le consentement des classes dominantes à ce fascisme revisité constitue un défi que nous entendons relever.
Le consentement des classes dominantes à ce fascisme revisité constitue un défi que nous entendons relever au nom d’un principe espérance dont la force propulsive, en juin 2024, a permis de créer la dynamique du Nouveau Front populaire. Face à cette ascension résistible de l’extrême droite, il existe aujourd’hui une force vivante, comme en témoigne le succès des mobilisations féministes du 8 mars et de celle du 22 mars pour l’antiracisme et les migrant·es. Par-delà les calculs d’appareil, le désir d’unité demeure un levier vital.
Le construire, le pérenniser et lui donner un contenu vivant et démocratique est indispensable pour constituer un bloc social victorieux avec un projet d’émancipation anticapitaliste, féministe, éco-socialiste, internationaliste et en phase avec les aspirations des communautés LGBTQIA+.
Des contributions pour alimenter le débat, au sein de la gauche ou plus largement, et pour donner de l’écho à des mobilisations. Ces textes ne reflètent pas nécessairement la position de la rédaction.
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