C’est quoi, un journal coopératif ?
À la rentrée, Politis fêtera sa première année en tant que coopérative. Après un très bel élan collectif ayant rassemblé près de 2 000 sociétaires individuels en quelques mois, de nouvelles étapes s’ouvrent : approfondir le lien avec ceux-ci et celles-ci, mais aussi appeler toutes les structures amies à devenir sociétaires de Politis.
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La production non-marchande, face cachée de la richesse Les coopératives, îlots de démocratie sociale dans l’océan capitalisteUn lundi soir du joli mois de mai, à l’occasion d’un débat-concert-performance coorganisé avec la Fondation Copernic sur la péniche Petit Bain, à Paris, l’une des tables rondes rassemblait, autour du thème des résistances au fascisme, Fanélie Carrey-Conte, secrétaire générale de la Cimade, Sarah Durocher, présidente du Planning familial, et Nathalie Tehio, présidente de la Ligue des droits de l’Homme. Les mots de cette dernière résonnent encore : face aux menaces, face au fascisme rampant, « pour les ONG ou pour les associations, l’heure n’est plus à la neutralité ». Banco !
À Politis, la neutralité n’a jamais été complètement garantie. Euphémisme ? Notre journal-engagé-sans-être-militant tisse depuis sa création en 1988 des liens étroits avec le milieu associatif et, globalement, avec la société civile et toutes les forces de progrès prises dans un sens très large, qu’elles s’expriment au sein d’une organisation ou dans les mobilisations de rue.
Depuis septembre, Politis est devenu une coopérative, une Scic pour être exact : l’acronyme qui désigne une Société coopérative d’intérêt collectif – et qui signifie surtout que l’on peut désormais faire encore plus de choses ensemble.
Après avoir convaincu 1 800 sociétaires particuliers, vous, nos lecteurs et nos lectrices, nous allons désormais encore mieux interagir en entamant, avec les plus motivé·es d’entre vous, une phase d’approfondissement et de plus grande implication dans la gestion de Politis. Vous pourrez participer à la vie du journal au sein des premiers « groupes d’animation » qui se constituent ou à l’occasion de grands événements tels que des assises que nous voudrions tenir à la rentrée. Notre nouvel organe de gestion du journal, le Conseil coopératif, veillera au respect de la dynamique coopérative – avec l’aide toujours précieuse des bénévoles des Ami·es de Politis.
Devenir une Scic et pouvoir faire plein de choses ensemble, pour une part ça ne change rien, parce qu’on faisait déjà beaucoup. Mais tout de même cela change tout, parce qu’on peut désormais mieux structurer les actions et mieux construire au sein même de la coopérative. Et nouer de nouveaux partenariats. C’est tout l’objet de la nouvelle étape de notre développement : faire entrer au sociétariat toutes les structures amies avec qui nous avons des combats et des résistances à accompagner ou à engager.
Politis veut parler à toutes celles et tous ceux qui résistent ou qui pensent le changement.
Les premiers membres de notre collège des partenaires et les institutions avec lesquelles nous sommes en discussion sont exemplaires de ce que nous aimerions développer avec l’ensemble des organisations qui se reconnaîtront dans les valeurs et les combats de Politis. Poursuivre, évidemment, notre critique radicale et nourrir les combats sociaux, comme nous le faisons depuis toujours avec Attac**. Se battre pour faire émerger les idées qui donnent des raisons d’y croire, comme avec la Fondation Copernic. Défendre une presse indépendante, différente, avec l’association Un bout des médias**, tout en prenant notre nouvelle place d’acteur de l’économie sociale et solidaire, aux côtés d’autres Scic comme Enercoop**, membre des « Licoornes (1) ».
Sociétaire de Politis.
Groupement de treize entreprises coopératives.
Soutenir les lieux de culture engagés et mettre l’art au centre d’une énergie politique, dans l’élan de nos rencontres régulières à Petit Bain ou des nombreux partenariats que nous avons noués avec des festivals culturels cet été, partout en France. Et faire jouer les solidarités quand on peut, comme avec Andana Films**, en difficulté pour diffuser un superbe documentaire consacré à SOS Méditerranée. Ou tout simplement se réunir, se rassembler, se donner ensemble de la force, comme en ce début d’été où l’on vous convie à une grande initiative festive et mobilisatrice, le 8 juillet, au Point Éphémère à Paris.
Développer le sociétariat, pour Politis, ce n’est pas se développer pour devenir milliardaires à la place des milliardaires. C’est pouvoir parler au plus grand nombre. C’est l’une des façons de répondre à deux de nos questions existentielles. Pourquoi faire un journal ? Et comment faire un journal ?
17 juin
Webinaire d’information pour les sociétaires, en visio à 18 heures, pour répondre à toutes vos questions. Une invitation a été envoyée aux sociétaires par mail. Les premiers groupes d’animation, « Animation du sociétariat » et « Ambassadeurs de Politis », seront organisés les semaines suivantes.
20 juin
À l’occasion de la journée mondiale des réfugiés, Andana Films, sociétaire de Politis, organise le 20 juin une avant-première du documentaire de Jean-Baptiste Bonnet, Save our Souls, qui suit en mer l’équipage d’un bateau de SOS Méditerranée. La projection, au Méliès de Montreuil (93) et en retransmission simultanée dans plus de 80 cinémas dans toute la France, sera suivie d’un débat. Pour organiser cet événement, Andana a lancé un financement participatif. Politis s’est engagé à sponsoriser l’opération à hauteur de 10 % des dons que nous recevrons d’ici au 18 juillet.
8 juillet
À suivre : Politis organise une soirée festive et mobilisatrice, au Point Éphémère (Paris). Ouverte à tous·tes, invitations à venir.
Fin septembre
Une grande rencontre sera organisée pour imaginer ensemble l’avenir du journal avec les sociétaires.
Pour tout renseignement sur le sociétariat, rendez-vous sur Politis.fr ou écrivez à societaires@politis.fr
Pourquoi faire un journal ? La réponse est chaque jour plus claire. À l’heure où l’extrême droite et les droites extrêmes s’installent aux commandes dans le monde entier, la France est la prochaine puissance menacée de basculer. S’il y a dix ans (ou vingt ans déjà ?) le racisme et la haine étaient tabous, aujourd’hui, ce sont celles et ceux qui défendent les solidarités et se battent contre les oppressions qui sont montré·es du doigt. « Woke », c’est-à-dire « conscient·e », « éveillé·e », est devenu une insulte, tandis que celles et ceux qui se réclament de « l’ordre » n’hésitent plus à cogner les passants en pleine rue en criant leur admiration du nazisme. Quant au désastre écologique qui guette, ce n’est même plus un sujet, ces derniers mois ayant pour la première fois vu des reculs législatifs remplacer les habituels progrès médiocres. Comment s’étonner d’un tel renversement de valeurs, puisque les plus gros médias sont aux mains de milliardaires assoiffés de rentabilité à tout prix ?
Alors, face à ce flot, c’est quoi, faire un journal en 2025 ? « Défricher les idées » et « nourrir les combats », notre promesse, revient à donner plus de visibilité à celles et ceux qui imaginent l’avenir ou qui luttent pour le faire advenir et, par là, leur accorder le soutien indispensable au succès de leurs actions. Au-delà, à toutes celles et à tous ceux qui ne savent plus quoi faire, qui ont simplement peur, il faut montrer qu’ils et elles ne sont pas seul·es. Il faut leur donner des motifs d’espoir, leur rappeler sans cesse que, face à la montée du péril d’extrême droite, il existe des grandes forces de solidarité, des alternatives. Pour les optimistes : pour espérer un changement d’horizon en 2027. Pour les pessimistes : pour mieux résister ensuite.
Dès lors, comment faire un journal ? La presse indépendante n’a pas d’autres moyens que votre soutien et votre fidélité. Et elle a des valeurs. La solidarité, l’union, l’effort commun pour la victoire de toutes et tous. Alors comptons-nous. L’espoir ne naîtra que de l’union. De l’union des partis, pensent certains, mais aussi et surtout de toutes celles et tous ceux, dans la société civile, qui placent les idéaux de justice et de fraternité au-dessus du reste.
Dans les deux ans qui viennent, jusqu’à l’échéance présidentielle, l’ambition de Politis est de rassembler l’ensemble des forces de progrès politiques, sociales, intellectuelles et du monde de la création, notamment les artistes. D’unir autour des idées et des combats qui valent la peine d’être portés. Politis veut parler à toutes celles et tous ceux qui résistent ou qui pensent le changement. Politis veut leur donner la parole, être plus que jamais le média des idées et des combats, et donner à voir, face à la montée du pire, un réseau commun pour le meilleur.
Pour gagner ou pour résister. En tout cas pour agir. Non, l’heure n’est plus à la neutralité.
Associations, sociétés de production, fédérations, artistes, think tanks, théâtres, ONG, cinémas d’art et d’essai, maisons d’édition, maisons de quartier, grandes et petites coopératives, professionnel·les de la presse, de l’édition, de la pensée, des luttes, têtes de réseau, têtes de pioche, camarades, ami·es : rejoignez-nous.
Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.
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