10 septembre : Solidaires réaffirme son soutien sans faille à « Bloquons tout »
L’union syndicale tenait une conférence de presse ce jeudi 4 septembre. L’occasion d’affirmer l’importance qu’elle place dans le mouvement du 10 septembre. Et de prendre ses distances avec l’intersyndicale.

© Michel Soudais
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« La chute de Bayrou serait la première victoire du mouvement du 10 septembre » Soutien, accompagnement, hésitation… La gauche et les syndicats face au 10 septembre 10 septembre : au rendez-vous de la colère « Les initiatives citoyennes disent et font plus que les organisations traditionnelles »Elle était la première à avoir dégainé au niveau national. Le 27 août, l’union syndicale Solidaires publie un communiqué de presse sans ambiguïté. Elle « appelle à se mettre en grève et à soutenir le mouvement ‘Bloquons tout’ ». Une semaine plus tard, lors d’une conférence de presse de rentrée, Murielle Guilbert, la codéléguée générale de Solidaires enfonce le clou : « L’unanimité des syndicats qui composent Solidaires ont appelé à la grève le 10 septembre. C’est très important pour nous d’appuyer ce mouvement. »
Un préambule qui donne le ton d’une conférence de presse essentiellement tournée vers cet appel à « tout bloquer » le 10 septembre, né sur les réseaux sociaux et en dehors des organisations syndicales. « Solidaires a été créé pour être un outil au service de la population, des travailleurs et travailleuses, pour organiser des rapports de force et obtenir nos revendications sociales. Nous faisons le constat que la réussite de la journée du 10 est primordiale pour engager ce rapport de force », poursuit Murielle Guilbert.
Un discours qui dénote avec le reste des organisations syndicales dont la communication est très tournée vers le 18 septembre, date à laquelle l’ensemble de l’intersyndicale – Solidaires y compris – appelle à une journée de mobilisation et de grèves interprofessionnelles. Même la CGT et la FSU, les deux syndicats les plus proches de Solidaires, se distinguent à ce propos. Si les deux appellent à soutenir le mouvement du 10 septembre, ils ne le décrivent que comme une « première étape » en vue du 18.
« Pas une posture »
Une manière, à demi-mot, d’enjamber une mobilisation dont les contours et l’étendue réels restent, à ce stade, très flous. « Je ne commente pas les prises de décisions de chaque organisation. Nous, à Solidaires, nous sommes constants dans l’écoute qu’on porte à la colère sociale. Appeler au 10 n’est pas une posture. Cela nous semble incontournable au vu des annonces budgétaires de François Bayrou de mettre toutes nos forces dans ce mouvement », assure la codéléguée générale de l’union syndicale.
Le but n’est absolument pas de préempter ce mouvement, mais d’être à l’écoute de ce qui émerge.
M. Guilbert
De façon concrète, cela passe par la participation des militants de Solidaires aux nombreuses assemblées générales qui essaiment partout dans le pays. « Nous sommes respectueux des modalités d’actions décidées en dehors des syndicats. Le but n’est absolument pas de préempter ce mouvement, mais d’être à l’écoute de ce qui émerge, et d’apporter notre savoir-faire organisationnel », affirme Murielle Guilbert.
Par exemple, en « redonnant le mode d’emploi de la grève à des militants pour qu’ils puissent l’expliquer en assemblées générales ». La question de la grève, poursuit la cosecrétaire générale, « est de notre responsabilité syndicale pour appuyer cette colère sociale. C’est ce mode d’action qui va créer un rapport de force ». Une réponse à peine dissimulée à Marylise Léon, son homologue de la CFDT, qui, quelques plus jours plus tôt, confiait à nos confrères du Monde que « la CFDT ne se joindra pas [au mouvement du 10 septembre], parce que les modes d’action privilégiés ne sont pas les nôtres. Tout bloquer, la désobéissance, ce n’est pas la méthode CFDT ».
Une prise de distance loin d’être surprenante au vu des sensibilités et histoires bien différentes de ces deux organisations. Mais qui marque tout de même un changement avec la période récente – notamment durant la lutte contre la réforme des retraites – où la question de l’unité des syndicats étaient devenus un totem difficilement ébranlable. Sauf que la bataille des retraites a été perdue et que, depuis, aucun mouvement social d’ampleur n’est venu bousculer la politique austéritaire des gouvernements successifs.
Pas de « saute-mouton »
« On a tiré les leçons de la mobilisation contre la réforme des retraites. Nous allons prendre en compte cela », assène la conuméro 1 de Solidaires, qui souligne que son syndicat « ne participera pas à des grèves saute-mouton », comme cela avait été le cas en 2023.
Ainsi, Solidaires a déjà prévu une instance nationale le 11 septembre pour préparer la suite du mouvement social. Et notamment, en cas d’une forte mobilisation la veille, de prévoir ou d’accompagner une nouvelle date avant le 18. Une manière donc de se différencier du reste des syndicats et d’assumer vouloir créer un rapport de force le plus important possible. Une stratégie qui a également des conséquences au niveau des fédérations. Ainsi, Sud Rail n’a pas signé l’appel intersyndical des autres fédérations cheminotes pour la date du 18 septembre.
« Il n’est même pas fait référence au 10 septembre », explique Julien Troccaz, secrétaire fédéral de Sud-Rail, « ne pas vouloir en parler et ne faire comme si ça n’existait pas, ce n’est bon ni pour le mouvement syndical qui a toute sa place le 10 septembre ni pour l’organisation d’une mobilisation qui agrège les forces ». Entre suivre sans broncher l’intersyndicale, sa lenteur et sa régulière timidité, et aller à fond sur un mouvement dont on ne sait encore que peu ce qu’il pourra donner, Solidaires a donc fait son choix.
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