Notion de consentement dans la loi : à quand les honneurs des JT ?
Aucun des JT des deux principales chaînes de France n’a consacré un sujet, même bref, à cette actualité parlementaire pourtant qualifiée d’« avancée historique ». Une occasion ratée de montrer que seule l’extrême droite s’est opposée à ce texte.
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« Des vents à 168 km/h : la tempête Benjamin fait un mort », annonce le 20 heures de France 2 en ouverture. Le JT de TF1 abonde : « Dans l’actualité de ce jeudi, un mort et d’importants dégâts après le passage de la tempête Benjamin… » Qu’un événement météo d’une telle ampleur fasse la une de l’actualité, cela s’entend – même si le lien avec le dérèglement climatique, qui rend plus violents et plus fréquents ces événements, n’est rappelé ni sur TF1, ni sur France 2.
Ce qui est moins compréhensible, en revanche, c’est qu’aucun des JT des deux principales chaînes de France ne consacre un sujet, même bref, à une autre actualité, parlementaire celle-ci, pourtant qualifiée d’« avancée historique » : la validation, à l’Assemblée nationale, de l’introduction de la notion de consentement dans la loi.
Silence aux JT, donc, sur ce vote dont il aurait pourtant été fort intéressant de relever l’opposition en bloc de l’extrême droite.
Le texte a été voté à l’Assemblée jeudi 23 octobre vers midi, à 155 voix pour et 31 contre. Seule l’extrême droite s’y est opposée. « En ces temps de castagne générale, cela ressemble à un petit miracle », souligne Libération. Le journal relate que les deux députées RN qui participaient à la commission exclusivement féminine à l’origine du texte, n’ont « ‘pas ouvert la bouche’ et fourni ‘aucun argument’ pour justifier cette opposition », et qu’en questionnant Marine Le Pen à ce sujet, les journalistes ont été « sèchement éconduits ».
Silence aux JT, donc, sur ce vote singulier à l’Assemblée, dont il aurait pourtant été fort intéressant de relever l’opposition en bloc de l’extrême droite. Silence surtout sur la victoire que ce nouveau texte, qui définit désormais le crime de viol comme « un acte sexuel non consenti », signifie dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. « Céder ne sera plus jamais consentir », a déclaré la députée écologiste Marie-Charlotte Garin, l’une des rapporteuses de la commission qui a travaillé plus de deux pour aboutir à ce vote.
« Victoire »
La ministre à l’Égalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé, a pris la parole dans l’Hémicycle pour saluer un texte qui va faire « passer de la culture du viol à la culture du consentement ». Et pour illustrer cette victoire à la très large majorité parlementaire, qui a réuni des député·es allant des Républicains (LR) à la France insoumise (LFI), il y avait même de belles images à filmer : Mediapart décrit « des élus gagnés par l’émotion, une ministre enlaçant des députées en plein Hémicycle ».
La presse est, elle aussi, unanime. L’AFP, dans une dépêche republiée par Le Figaro, salue une « loi hautement symbolique ». Libération crie « victoire ». Le Monde note une « évolution significative du droit », qui intervient « un an après le procès des viols de Mazan, où l’absence d’assentiment de Gisèle Pelicot avait été au centre des débats ». Difficile en effet de ne pas penser à ce procès, qui a imposé la notion de consentement dans le débat public – et que les télés avaient alors couvert presque sans discontinuer.
Le texte devrait être soumis au Sénat pour validation dès la semaine prochaine. Une fois définitivement adopté, aura-t-il enfin droit aux honneurs des JT ?
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