DSK, une candidature impossible

Comment le patron du FMI, institution qui vient d’approuver la politique de Nicolas Sarkozy, pourrait-il être le candidat du PS ? La question est posée aux socialistes, à un an des primaires.

Michel Soudais  • 1 juillet 2010 abonné·es
DSK, une candidature impossible
© PHOTO : SAMAD/AFP

Les militants socialistes ont approuvé à 83,7 % le projet de rénovation de leur parti. Peu importe que ce vote ait été acquis « sans enthousiasme » avec une participation de 34 %, comme le pointe le député européen Stéphane Le Foll, proche de François Hollande, ou que 58 358 socialistes se soient rendus aux urnes, comme le souligne pour s’en féliciter la direction du PS. Car ce vote, qui met fin au cumul des mandats (en 2012), approuve surtout l’organisation de primaires ouvertes pour désigner le candidat soutenu par le PS à la présidentielle.

Les militants socialistes ont ainsi abdiqué un droit essentiel, celui de choisir leur candidat à l’Élysée, dont dépendent aussi la ligne et l’orientation de leur parti, au profit des passants qui n’auront qu’à s’acquitter d’un euro symbolique pour désigner celui ou celle qui aura la faveur des sondages. Si François Hollande et Manuel Valls sont déjà candidats, si Ségolène Royal n’exclut pas de l’être et Martine Aubry peut être tentée, c’est Dominique Strauss-Kahn qui, pour l’heure, caracole en tête des cotes de popularité. Problème : cette possible candidature du patron du Fonds monétaire international (FMI) passe mal auprès des autres formations de gauche.

« J’espère que les socialistes ne vont pas être assez barjots pour le désigner », a même lancé Jean-Luc Mélenchon, le 10 juin. Par la suite, le président du Parti de gauche a justifié ce refus en détaillant, sur son blog, les conclusions d’une mission du FMI étonnement passée sous silence.
Passons sur les considérations ­générales de ce rapport, mis en ligne le 17 juin sur le site internet du FMI, qui juge que « la reprise est fragile et se trouve à présent confrontée à l’affaiblissement de la demande domestique et européenne » . Que l’austérité décidée par le gouvernement aggrave la situation économique n’a rien d’un scoop. Toutefois, cela n’empêche pas les bons docteurs du FMI d’encourager Nicolas Sarkozy à poursuivre sa politique. Moins pour les « économies limitées » à attendre des « réformes de long terme » que pour retrouver une « crédibilité auprès des marchés financiers », expliquent-ils cyniquement.

Ils applaudissent « la poursuite de la réduction des effectifs des fonctionnaires (avec le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux) et l’annonce récente des gels des dépenses publiques » ; suggèrent « un contrôle renforcé des transferts de ressources de l’État à la fois vers les administrations de Sécurité sociale et vers les collectivités territoriales ». Mais ce n’est pas tout. Jugeant « cruciale » la « maîtrise des dépenses sociales » , ils écrivent que « la réforme des retraites et du système de santé doit constituer la pierre angulaire de la stratégie budgétaire de moyen terme » et estiment que le gouvernement a ­raison de « repousser l’âge effectif de départ en retraite », « le relèvement de l’âge légal » étant « un facteur décisif de l’accroissement du taux d’emploi des seniors ».
Peu avares de conseils pour « favoriser la création d’emplois » , les hommes de DSK préconisent notamment de « réduire la dualité entre les CDD et les CDI » et de poursuivre « la modération du salaire minimum […] afin de rétablir progressivement une échelle des salaires incitative pour les jeunes et les travailleurs peu qualifiés ».

Le directeur de l’organisme qui a produit ce panégyrique néolibéral « ne pourra pas dire “je ne savais pas” ou “ce n’est pas moi” », estime Jean-Luc Mélenchon. Qui interpelle les socialistes : comment « demander à celui qui a proposé de renforcer cette politique absurde et d’en étendre l’application » de rompre avec elle ? Les socialistes ont un peu plus d’un an pour y répondre. Les primaires sont prévus à l’automne 2011.

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