Philippe Poutou, candidat du NPA à la présidentielle 2012

À l’occasion d’une conférence nationale du NPA organisée ce week-end à l’université de Nanterre, près de Paris, les délégués du parti ont désigné leur candidat à la présidentielle. C’est Philippe Poutou, inconnu au bataillon, qui remplacera Olivier Besancenot.

Jeanne Portal  • 27 juin 2011
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Philippe Poutou, candidat du NPA à la présidentielle 2012
© *Avec AFP* Photo : Fred Dufour / AFP

Mai 2011, Olivier Besancenot annonce qu’il ne sera pas le candidat du nouveau parti anticapitaliste (NPA) à la présidentielle de 2012, posant la question de « l’individualisme et de la vie privée » dans un parti habitué à ne considérer que le collectif militant. Le choix de Besancenot plonge le NPA dans l’embarras, l’obligeant à s’organiser pour lui trouver un remplaçant.

C’est chose faite depuis ce samedi à l’occasion du mini-congrès réunissant les quelque 240 délégués du NPA à Nanterre (Hauts-de-Seine). Après de longs débats, parfois houleux, les délégués ont désigné Philippe Poutou comme candidat du NPA, à 53 % des voix. Une élection a minima pour ce tenant de la « ligne identitaire » du parti.

Poutou, nouvelle figure du NPA

Quarante-quatre ans, chevelure poivre et sel, physique sec, Philippe Poutou, la nouvelle figure du NPA, est ouvrier spécialisé (réparateur de machines-outils) au sein de l’usine automobile Ford de Blanquefort (Gironde). Si ce nouveau candidat est inconnu de la scène médiatique et politique nationale, il a joué un rôle important dans de nombreux combats locaux. Syndicaliste CGT très actif, Philippe Poutou, a notamment mené une lutte acharnée pour la sauvegarde des emplois au sein de l’usine Ford de Gironde.

Actuellement secrétaire CGT de Ford Aquitaine, le nouveau candidat du NPA s’est déjà présenté à trois élections, comme tête de liste aux Régionales de 2010 (2,52 %), aux Européennes pour le Sud-Ouest en 2009 et aux législatives en Gironde en 2007, sous l’étiquette de la LCR. À écouter les autres membres de la CGT, Philippe Poutou est l’homme de la situation. « Toujours calme, il a, grâce à son intelligence, toujours su apaiser les esprits », déclare l’un de ses camarades syndicalistes à l’AFP. «  Grâce à son charisme, il a su grimper les échelons » au NPA et à la CGT, organisations « pour lesquelles il se rend disponible 7 jours sur 7 » souligne un autre.

Pas de rassemblements avec le reste de la gauche

Avec le départ de Besancenot, le parti a relancé le débat au sujet d’un possible rassemblement avec le reste de la gauche. Les votes des congrès locaux mettent en évidence une division presque symétrique entre les membres du NPA : 50,4 % des délégués soutiennent la « ligne identitaire », alors que 40,1 % sont favorables à un rapprochement avec le reste de la gauche -Front de gauche surtout- après 2012.

Pour Christian Picquet, ancien membre de la LCR aujourd’hui au Front de gauche, Poutou fait partie de « l’aile la plus sectaire du NPA, la plus hostile à tout dialogue avec le reste de la gauche et à toute forme d’accord et d’alliances avec le Front de gauche » . Une chose est sûre pour Philippe Poutou, ancien militant de Lutte ouvrière : «  Les adversaires ne sont pas de ce côté-là (…). Mais si on est pas ensemble, c’est qu’il y a des désaccords politiques ». A l’instar d’Olivier Besancenot à ses débuts, l’ouvrier CGT, pour l’instant limité à 1 ou 2 % des intentions de votes pour 2012, a tout à faire pour exister sur le plan politique et médiatique.

Politique
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