L’après-Sarkozy déjà en route

Tandis que la Droite populaire envisage de se constituer en parti, la guerre Fillon-Copé bat son plein pour le contrôle de l’UMP.

Michel Soudais  • 1 décembre 2011 abonné·es

Ils se présentent volontiers comme les plus disciplinés des grognards de la Sarkozie. Pour la réélection du président de la République, ils sont prêts à tout. Et l’ont déjà prouvé. N’empêche, les animateurs de la Droite populaire préparent déjà l’après-6-mai. Au lendemain de la défaite de l’UMP aux élections sénatoriales, ce collectif d’une quarantaine de députés rompus à l’art de la provocation et des coups médiatiques avait appelé ses sympathisants à le  « rejoindre »  en signant une charte en six points. Cette semaine, il lance le groupe des « Jeunes droite populaire » . Pour créer un courant ou un parti ? « Ce n’est pas à cinq mois de l’échéance présidentielle que l’on construit un parti » , a répondu Thierry Mariani, ministre des Transports, à un journaliste du Monde. Mais la question sera examinée « le 7 mai 2012 au matin » .

D’autres que lui ont depuis longtemps les yeux rivés sur cette échéance. Pas seulement parce que Nicolas Sarkozy, patron incontesté de la droite depuis 2002, pourrait chuter, hypothèse que le chef de l’État a lui-même admise devant ses proches : « Si la France perd son triple A, je suis mort. » Mais la réforme institutionnelle de 2008, en interdisant au président de la République d’effectuer plus de deux mandats, a miné l’autorité de ce dernier sur sa majorité. Qu’il soit battu ou réélu, M. Sarkozy ne sera plus le chef naturel de l’UMP, qui, les yeux tournés vers l’échéance suivante, aura pour première préoccupation d’assurer la victoire d’un des siens en 2017, et n’hésitera pas à cette fin de se démarquer de l’Élysée. La « succession » se jouera au lendemain de la présidentielle.

L’échéance est dans les têtes, de Jean-François Copé comme de François Fillon. En s’emparant l’an dernier du poste de secrétaire général de l’UMP, l’ambitieux député maire de Meaux a pris un avantage sur ses rivaux. Quel que soit le résultat des élections du printemps, c’est lui qui sera aux commandes du principal parti de la droite. François Fillon, s’il veut l’en déloger, comme on lui en prête l’intention, ne pourra se contenter de son bilan à Matignon. D’où sa stratégie d’implantation parisienne qui irrite tant Rachida Dati. Les fillonistes soupçonnent cette dernière d’avoir le feu vert de M. Copé pour lancer ses violentes attaques.

Entre les hommes forts de la droite, celui qui anime le parti et celui qui dirige le gouvernement, la guerre est engagée. Une lutte d’influence feutrée faite de piques incessantes. Même les mots de soutien qu’ils échangent en public peuvent être perfides quand ils visent d’abord à rappeler les casseroles que l’un et l’autre traînent derrière eux. Inquiet des effets de cette guéguerre perpétuelle, Nicolas Sarkozy a fait savoir début novembre, devant des interlocuteurs autorisés à faire fuiter ses propos, qu’en cas de défaite électorale, il se représenterait en 2017 et gagnerait. Encore faudrait-il que ses « amis » lui rendent les clés de l’UMP… Ce qui, après une nouvelle défaite suivant celles des régionales, cantonales et sénatoriales, n’est pas l’hypothèse la plus probable.

Publié dans le dossier
Sarkozy le boulet de l'UMP
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