Turquie : Maigre victoire pour l’autocrate Erdogan

La victoire du président turc au référendum étendant largement ses pouvoirs a été plus serrée que prévu et entachée de soupçons de fraude.

Politis  • 18 avril 2017
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Turquie : Maigre victoire pour l’autocrate Erdogan
Photo : ADEM ALTAN / AFP PHOTO / TURKISH PPRESIDENTIAL PRESS OFFICE

C e résultat montre qu’une partie du pays ne veut pas rendre le pays plus fort et a une mentalité européenne, l’autre partie est constituée de vrais Anatoliens. » C’est la réaction, recueillie par l’AFP, d’un partisan de l’AKP, le parti de Recep Tayyip Erdogan, peu après la proclamation officielle du résultat. Sans doute malgré lui, celui-ci aura parfaitement décrit la situation politique d’une Turquie profondément coupée en deux, après ce référendum visant à instaurer un régime présidentiel taillé sur mesure pour l’autocrate Erdogan.

En dépit de semaines entières de rouleau compresseur médiatique et de propagande omniprésente et démesurée en faveur du « oui », la consultation populaire s’est conclue par un score plutôt serré, tout à fait décevant pour Erdogan, avec 51,3 % des suffrages. Lui qui avait rêvé d’un véritable raz-de-marée aux allures plébiscitaires se voit défié sévèrement dans les grandes métropoles de cette Turquie que l’on peut qualifier d’« européenne », comme la capitale Ankara, Izmir et surtout Istanbul, là où il a pourtant débuté sa carrière politique en en devenant le maire en 1994. Ce sont essentiellement les provinces rurales qui lui ont apporté leurs suffrages, notamment l’Anatolie et l’est du pays, bastions traditionalistes musulmans, alors qu’au sud-est, les régions à forte présence kurde s’opposaient également à ses velléités.

Et non seulement le score donne une courte majorité à Erdogan, mais de nombreuses accusations de fraudes ont été portées par les principaux partis d’opposition, des républicains kémalistes du CHP au HDP (pro-kurde), relayées par les observateurs internationaux de l’UE ou de l’OSCE pour qui « ce scrutin s’est déroulé en deçà des standards démocratiques internationaux ». Néanmoins, Erdogan va désormais concentrer entre ses mains presque tous les pouvoirs, en une « hyper-présidence » qui pourrait durer jusqu’en 2029.

Les échos
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