Un parjure à la présidence de l’Assemblée

Michel Soudais  • 27 juin 2017
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Un parjure à la présidence de l’Assemblée
© Photo : CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

La réhabilitation des politiques dans l’opinion n’a pas marqué un point avec le choix de la République en marche de porter François Goullet de Rugy à la présidence de l’Assemblée nationale. Non que cet ex-écologiste n’ait pas quelque expérience pour prétendre au poste. Cinq ans assistant parlementaire (de 1997 à 2002), il a effectué deux mandats de député (2007 à 2017) au cours desquels il a été vice-président de l’Assemblée nationale et coprésident d’un groupe parlementaire. Il connaît donc la maison, comme on dit.

Mais cette fonction est aussi un honneur fait à son titulaire, qui devient le quatrième personnage de l’État. Il est donc pour le moins paradoxal, au moment où le gouvernement et sa majorité ambitionnent de rétablir par loi « la confiance dans notre vie démocratique », que ces derniers choisissent pour occuper le perchoir un politicien déloyal.

Car pour occuper le perchoir et l’hôtel de Lassay, François de Rugy n’a pas hésité à trahir sa parole. Comme tous les candidats à la primaire de la Belle Alliance populaire, il s’était engagé – c’était la règle du jeu, librement acceptée par tous les concurrents – à « soutenir publiquement le candidat désigné […] et à s’engager dans sa campagne ». Un engagement pris par écrit, le 6 décembre. Et réitéré lors des débats télévisés entre les candidats, notamment le 15 janvier. « Cette histoire de la primaire ce ne doit pas être le bal des hypocrites, déclarait-il encore le 27 janvier, entre les deux tours. Y participer c’est s’engager à soutenir qui est désigné. »

Le 22 février pourtant il piétinait cet engagement, pris solennellement devant tous les électeurs de cette primaire, en annonçant sur France Info son ralliement à Emmanuel Macron dont les idées étaient, selon lui, « plus proches de celles » qu’il avait « défendues dans la primaire » que celles de Benoît Hamon.

« Je préfère la cohérence à l’obéissance », s’était-il justifié, oubliant cette maxime de Jean-Jacques Rousseau, « l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté », sur laquelle repose les démocraties.

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