Trump à l’ONU, comme un chien dans un jeu de quille

Unilatéraliste, militariste, va-t-en-guerre… Le discours du président des États-Unis à la tribune de l’assemblée générale des Nations unies ressemblait à ses tweets.

Michel Soudais  • 19 septembre 2017
Partager :
Trump à l’ONU, comme un chien dans un jeu de quille
© Photo : TIMOTHY A. CLARY / AFP

Donald Trump n’est pas réputé pour sa finesse. Pour son premier discours à la tribune de l’assemblée générale des Nations unies, le successeur de Barack Obama s’est montré fidèle à son personnage. Alors que le secrétaire général des Nations unies António Guterres avait ouvert les débats en plaidant pour un « monde sans armes nucléaires » et une « solution politique » à la crise coréenne, le président américain s’en est pris violemment au « régime vicieux » et « corrompu » de Pyongyang, menaçant de « détruire totalement » la Corée du Nord si les États-Unis ou leurs alliés étaient confrontés à une attaque diligentée par Kim Jong-un, qualifié d’« homme-fusée ».

Dénonçant virilement les « États voyous » qui « violent tous les principes sur lesquels reposent les Nations unies », Donald Trump a également attaqué l’Iran, qualifiée de « dictature corrompue », et dénoncé à nouveau l’accord nucléaire de 2015. Cet accord, signé par les grandes puissances avec Téhéran pour encadrer le programme nucléaire de ce pays et s’assurer qu’il ne serve pas à le doter de l’arme atomique, est « un des pires auxquels les États-Unis aient jamais participé », a-t-il lancé. Avant d’avertir que son pays ne pouvait « pas laisser un régime meurtrier continuer ses activités déstabilisatrices » et qu’il ne pouvait « pas respecter un accord » qui est un « embarras » pour lui, « s’il sert à couvrir l’éventuelle mise en place d’un programme nucléaire ».

Le président américain a ensuite dénoncé une « situation inacceptable » dans la « dictature socialiste » du président Nicolás Maduro, afin de justifier l’interventionnisme de son pays au Venezuela. « Nous ne pouvons pas rester sans rien faire. En tant que voisin et ami responsable, nous devons avoir un but » pour les Vénézuéliens : « Récupérer leur liberté, remettre le pays sur les rails et regagner la démocratie », a-t-il souligné, en se disant prêt à « de nouvelles actions », sans préciser lesquelles.

Dans ce temple du multilatéralisme qu’est l’ONU, le président des États-Unis a donc défendu une vision unilatéraliste du monde, impérialiste disait-on au siècle passé. Des pays « indépendants » et « forts » sont à la base de l’ordre mondial, a-t-il ainsi fait valoir, sans nullement cacher qu’à ses yeux son pays était au premier rang d’entre eux. Il a d’ailleurs averti qu’il « placerait toujours l’Amérique d’abord » et que l’armée américaine serait « bientôt plus forte que jamais ». Ce qui n’a rien de rassurant.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Rami Abou Jamous : « On a l’impression que parler de Gaza est devenu un fardeau »
Entretien 12 novembre 2025 abonné·es

Rami Abou Jamous : « On a l’impression que parler de Gaza est devenu un fardeau »

Un mois après le « plan de paix » de Donald Trump, le journaliste palestinien appelle les médias à ne pas abandonner Gaza, où les habitants sont entrés dans une phase de « non-vie ».
Par Kamélia Ouaïssa
En Cisjordanie occupée, les oliviers pris pour cibles
Reportage 10 novembre 2025 abonné·es

En Cisjordanie occupée, les oliviers pris pour cibles

Alors qu’Israël ne respecte pas le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur le 10 octobre, la colonisation en Cisjordanie s’intensifie. Au moment de la récolte annuelle des olives, les paysans subissent les attaques violentes et répétées des colons, sous l’œil de l’armée israélienne.
Par Marius Jouanny
Moldavie : un programme pour reboiser un pays qui a perdu sa forêt
Reportage 10 novembre 2025 abonné·es

Moldavie : un programme pour reboiser un pays qui a perdu sa forêt

Considéré comme l’un des pays européens les plus vulnérables aux impacts du changement climatique et l’un des moins bien dotés en forêts, l’État moldave s’est embarqué il y a deux ans dans une aventure visant à planter des arbres sur 145 000 hectares.
Par Mathilde Doiezie et Alea Rentmeister
« Au Soudan, il faudra bien, tôt ou tard, imposer un cessez-le-feu »
Entretien 7 novembre 2025 abonné·es

« Au Soudan, il faudra bien, tôt ou tard, imposer un cessez-le-feu »

Clément Deshayes, anthropologue et chercheur de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et spécialiste du Soudan, revient sur l’effondrement d’un pays abandonné par la communauté internationale.
Par William Jean et Maxime Sirvins