Joseph Kabila verrouille la démocratie congolaise

Tout converge pour accuser l’ex-président de RDC, qui ne pouvait se représenter au dernier scrutin, d’avoir manigancé pour mettre au pouvoir Félix Tshisekedi et mieux revenir à la prochaine élection.

Gilles Wullus  • 22 janvier 2019
Partager :
Joseph Kabila verrouille la démocratie congolaise
© photo : LUIS TATO / AFP

Pour l’instant, le seul vrai vainqueur de l’élection présidentielle en République démocratique du Congo aura été la paix civile. Repoussé depuis deux ans par le président sortant, Joseph Kabila, le scrutin du 30 décembre s’annonçait potentiellement explosif, mais les incidents violents sont demeurés plutôt limités. La démocratie, elle, semble la grande perdante.

À lire aussi >> L’exil de l’autre côté du lac

Selon plusieurs sources, dont une fuite de données révélée par un journal sud-africain et un décompte parallèle réalisé par l’Église catholique, le vainqueur ­proclamé, Félix Tshisekedi, n’est pas arrivé en tête. C’est Martin Fayulu qui aurait emporté la faveur des électeurs, avec plus de 55 % des voix ; celui-ci a d’ailleurs dénoncé un « hold-up électoral » opéré par la commission électorale, aux ordres du pouvoir.

Tout converge donc pour accuser Kabila, président encore jeune (47 ans) mais qui ne pouvait se représenter, d’avoir manigancé une sorte de pacte à la ­Poutine-Medvedev pour mieux revenir à la prochaine élection. Ne pouvant espérer imposer son dauphin désigné sans risque de soulèvement, il aurait donc choisi de confier le pouvoir à Félix Tshisekedi – fils d’Étienne Tshisekedi, opposant historique à Mobutu puis à Kabila, mort en 2017 –, dont il pourra faire son affidé, d’autant que les kabilistes ont obtenu une victoire écrasante au Parlement.

La communauté internationale hésite à dénoncer ouvertement ce simulacre, car le géant d’Afrique centrale – 81 millions d’habitants – risquerait de retomber dans la guerre civile après deux conflits majeurs qui ont causé la mort de millions de Congolais entre 1996 et 2003.

Monde
Temps de lecture : 1 minute
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Aux États-Unis, « une esthétique de la peur au cœur de la médiatisation des expulsions »
Donald Trump 20 octobre 2025 abonné·es

Aux États-Unis, « une esthétique de la peur au cœur de la médiatisation des expulsions »

Chercheur spécialiste des expulsions forcées, WIlliam Walters décrypte la façon dont l’administration Trump organise sa politique migratoire. Il explique également comment la communication autour de ces pratiques violentes est présentée comme un « spectacle » pour le public américain.
Par Pauline Migevant
Comment Trump et les Gafam empêchent la résistance contre les expulsions forcées
Expulsion 20 octobre 2025 abonné·es

Comment Trump et les Gafam empêchent la résistance contre les expulsions forcées

L’application ICEBlock, qui permettait d’anticiper les raids des forces spéciales anti-immigration, a été fermée par Apple, en accord avec Donald Trump. Politis donne la parole à son développeur, en colère contre la trahison du géant américain.
Par Sarah Laurent
Budget record pour l’ICE : Trump déploie sa machine anti-immigration
Décryptage 20 octobre 2025

Budget record pour l’ICE : Trump déploie sa machine anti-immigration

Avec plus de 120 milliards de dollars prévus d’ici à 2029, l’agence de l’immigration américaine connaît une expansion sans précédent. Centres de détention, recrutements massifs et expulsions à la chaîne deviennent les piliers du programme Trump.
Par Maxime Sirvins
Gen Z : l’internationale contestataire
Monde 17 octobre 2025 abonné·es

Gen Z : l’internationale contestataire

Comme en 1968, une jeunesse mondiale se lève à nouveau, connectée, inventive et révoltée. De Rabat à Katmandou, de Lima à Manille, la « Gen Z » exprime sa colère contre la corruption, les inégalités et la destruction de l’environnement.
Par Olivier Doubre