Amériques : La voie des femmes autochtones

Plusieurs nominations de femmes issues des Premières Nations à des postes clés montrent un changement de paradigme.

Patrick Piro  • 14 juillet 2021
Partager :
Amériques : La voie des femmes autochtones
Deb Haalandn
© Samuel Corum / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Le Chili nous gratifie de beaux messages d’espoir. Il y a deux ans, la rue avait arraché la promesse de la rédaction d’une nouvelle constitution. Et l’élection des constituant·es, au printemps, a confirmé cette révolution en marche : on redoutait une récupération par la vieille classe politique, ce sont les citoyens indépendants qui ont balayé les partis. Et ils ont élu Elisa Loncón à la présidence de l’Assemblée constituante, figure de l’ethnie mapuche, intraitable défenseuse du droit des minorités autochtones et de la nature.

Lire > « Transformer le Chili en un pays plurinational »_

Deux jours plus tard, Mary Simon, Inuite du Nunavik, était nommée gouverneure générale du Canada par le Premier ministre, en pleine crise des fosses communes d’enfants autochtones.

Lire > Canada : un pas vers la réconciliation avec les Autochtones

Il y a une vingtaine d’années, on voyait le rouleau compresseur de la mondialisation accélérer une inéluctable dissolution des minorités autochtones d’Amérique dans les sociétés dominantes. Et puis il y a eu la rébellion bolivienne, présidée de 2006 à 2019 par le paysan aymara Evo Morales, la poussée des mouvements indigènes en Équateur, où le Cañari Yaku Pérez a frôlé l’accession au second tour de la présidentielle en février dernier.

Ce sont maintenant des femmes qui tracent la voie. À commencer par Deb Haaland, ministre dans le cabinet de Joe Biden, une première pour une femme autochtone. Issue de la tribu Laguna Pueblo, elle est en charge de l’exploitation des ressources naturelles et des terres publiques. Son parcours, marqué par la précarité et l’alcoolisme, est une parabole sur le renversement d’une histoire qui voyait l’époque « achever le travail » inauguré par les premiers massacres d’Amérindiens il y a cinq cents ans.

Lire aussi > Tarcila Rivera Zea : « Les nominations de femmes autochtones sont de vrais progrès »

Monde
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Rami Abou Jamous : « On a l’impression que parler de Gaza est devenu un fardeau »
Entretien 12 novembre 2025 libéré

Rami Abou Jamous : « On a l’impression que parler de Gaza est devenu un fardeau »

Un mois après le « plan de paix » de Donald Trump, le journaliste palestinien appelle les médias à ne pas abandonner Gaza, où les habitants sont entrés dans une phase de « non-vie ».
Par Kamélia Ouaïssa
En Cisjordanie occupée, les oliviers pris pour cibles
Reportage 10 novembre 2025 abonné·es

En Cisjordanie occupée, les oliviers pris pour cibles

Alors qu’Israël ne respecte pas le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur le 10 octobre, la colonisation en Cisjordanie s’intensifie. Au moment de la récolte annuelle des olives, les paysans subissent les attaques violentes et répétées des colons, sous l’œil de l’armée israélienne.
Par Marius Jouanny
Moldavie : un programme pour reboiser un pays qui a perdu sa forêt
Reportage 10 novembre 2025 abonné·es

Moldavie : un programme pour reboiser un pays qui a perdu sa forêt

Considéré comme l’un des pays européens les plus vulnérables aux impacts du changement climatique et l’un des moins bien dotés en forêts, l’État moldave s’est embarqué il y a deux ans dans une aventure visant à planter des arbres sur 145 000 hectares.
Par Mathilde Doiezie et Alea Rentmeister
« Au Soudan, il faudra bien, tôt ou tard, imposer un cessez-le-feu »
Entretien 7 novembre 2025 abonné·es

« Au Soudan, il faudra bien, tôt ou tard, imposer un cessez-le-feu »

Clément Deshayes, anthropologue et chercheur de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et spécialiste du Soudan, revient sur l’effondrement d’un pays abandonné par la communauté internationale.
Par William Jean et Maxime Sirvins