Élections au Brésil : « Prendre soin de la terre, une évidence pour les peuples indigènes »

La témoignage d’Inathan Apako Tuxá, jeune militant indigène, concernant son engagement dans le mouvement climatique Friday for future.

Patrick Piro  • 30 septembre 2022 abonné·es
Élections au Brésil : « Prendre soin de la terre, une évidence pour les peuples indigènes »
Les communautés indigènes du Sud du Brésil, exprimant leurs revendications lors du Campement Terre libre de Toldo Chimbangue, du 4 au 7 septembre 2022. Les jeunes femmes sont au cœur des danses et des chants rituels des peuples indigènes.
© Patrick Piro

« Prendre soin de la terre, c’est une évidence pour les peuples indigènes. Les arbres, les eaux, les plantes, les lieux sacrés font partie intégrante de nos êtres. Je me suis engagé dans Friday for Future (1) le plus important mouvement mondial de défense du climat, parce que j’avais la conviction qu’un jeune Indigène pourrait lui apporter quelque chose. La grande majorité de ses militants sont blancs !

© Politis
© Politis
© Politis
Les communautés indigènes du Sud du Brésil expriment leurs revendications lors du Campement Terre libre de Toldo Chimbangue, du 4 au 7 septembre. (Photos : Patrick Piro.)

Leur approche est fréquemment scientifique, alors que notre regard part du territoire, là où nos vies sont remises en question. Dans chaque mètre carré déboisé, dans chaque goutte d’eau polluée, c’est un peu de notre spiritualité qui s’en va. C’est à travers la forêt et les eaux que nous nous connectons à nos ancêtres, aux esprits.

Le grand saccage de la nature, la surconsommation généralisée, nous en souffrons directement.

Les militants blancs disent “préserver la vie”, mais ils ne se situent pas sur le même plan. Le grand saccage de la nature, la surconsommation généralisée, nous en souffrons directement. Nous et les plus défavorisés. Chasse, pêche, cueillette : nous ne trouvons même plus de quoi nous alimenter comme dans le passé.

J’ai rallié des proches à Friday for Future, qui s’enrichit aussi de l’apport de jeunes Noirs. J’ai le sentiment d’y être compris, mais en partie seulement. Les espaces ne sont pas complètement ouverts. Notre parole est importante, les Blancs aiment l’écouter. Mais ça ne transparaît pas nécessairement dans les décisions politiques du mouvement. »


(1) Organisation internationale de jeunesse en faveur de l’environnement.

Monde
Publié dans le dossier
Battre Bolsonaro
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Droit international : quand règne la loi du plus fort
Monde 9 juillet 2025 abonné·es

Droit international : quand règne la loi du plus fort

Les principes du droit international restent inscrits dans les traités et les discours. Mais partout dans le monde, ils s’amenuisent face aux logiques de puissance, d’occupation et d’abandon.
Par Maxime Sirvins
Le droit international, outil de progrès ou de domination : des règles à double face
Histoire 9 juillet 2025 abonné·es

Le droit international, outil de progrès ou de domination : des règles à double face

Depuis les traités de Westphalie, le droit international s’est construit comme un champ en apparence neutre et universel. Pourtant, son histoire est marquée par des dynamiques de pouvoir, d’exclusion et d’instrumentalisation politique. Derrière le vernis juridique, le droit international a trop souvent servi les intérêts des puissants.
Par Pierre Jacquemain
La déroute du droit international
Histoire 9 juillet 2025 abonné·es

La déroute du droit international

L’ensemble des normes et des règles qui régissent les relations entre les pays constitue un important référent pour les peuples. Mais cela n’a jamais été la garantie d’une justice irréprochable, ni autre chose qu’un rapport de force, à l’image du virage tyrannique des États-Unis.
Par Denis Sieffert
Yassin al-Haj Saleh : « Le régime syrien est tombé, mais notre révolution n’a pas triomphé »
Entretien 2 juillet 2025 abonné·es

Yassin al-Haj Saleh : « Le régime syrien est tombé, mais notre révolution n’a pas triomphé »

L’intellectuel syrien est une figure de l’opposition au régime des Assad. Il a passé seize ans en prison sous Hafez Al-Assad et a pris part à la révolution en 2011. Il dresse un portrait sans concession des nouveaux hommes forts du gouvernement syrien et esquisse des pistes pour la Syrie de demain.
Par Hugo Lautissier