Élections au Brésil : Campinho, le quilombo gardien de la forêt
Cette communauté, fondée par d’anciennes esclaves noires, promeut une gestion collective et écologique de son territoire.
dans l’hebdo N° 1725 Acheter ce numéro

Juste quelques feuilles de chou manteiga à cueillir, et elle devra filer, avertit-elle : on a besoin d’elle au restaurant communautaire car un groupe est attendu pour le déjeuner. Oui, mais entre Cirlene et son « agroforêt », c’est plus qu’une passion – une nécessité vitale, à l’écouter.
Bottes, foulard dans les cheveux, machette à la main, le restaurant s’est évaporé. Elle veut tout montrer. La cueillette d’un régime de bananes, perché à cinq mètres, le déterrage des pieds de manioc, l’abattage d’un palmier pupunha pour en extraire le cœur, les fruits du palmier juçara, au jus très apprécié, un semis de graines de maïs – « une lignée locale que nous entretenons depuis plus d’un siècle » –, le potager débordant de vert tendre, où poussent une vingtaine de légumes et d’herbes, ainsi que des fleurs à profusion.
Certaines variétés détournent les insectes prédateurs des plantes comestibles : elles font partie intégrante de cette agroforêt qui vise à optimiser la production des cultures et leur santé. Mais le potager a-t-il besoin du chatoiement de 23 variétés de poinsettia ? Cirlene Martins, oui. Elle rayonne, butinant de fleur en fleur pour choisir celles qui décoreront le restaurant.
Cirlene Martins au travail dans sa parcelle d’agroforêt, avec son beau-frère (première photo). Elle présente les fleurs cueillies pour la décoration du restaurant communautaire (deuxième photo). (Photo : Patrick Piro.)Le plaisir qu’elle prend à s’occuper de sa parcelle contribue à son abondance, au même titre que l’engrais liquide qui s’écoule du biodigesteur alimenté par les déchets organiques du restaurant, ou encore le limon déposé par les crues de la rivière Carapitanga, qui traverse le quilombo Campinho da Indépendência (Petit champ de l’Indépendance).
Prédateurs fonciersCette communauté a été fondée par trois esclaves noires quand leurs maîtres se sont volatilisés. À la fin du XIXe siècle, la fazenda (grande propriété terrienne) Indépendência, située à une vingtaine de kilomètres du bourg côtier de Parati, au sud de l’État de Rio de Janeiro, voit son modèle économique s’effondrer. Les terres sont épuisées par des décennies de monocultures de canne à sucre ou de café. Surtout, l’esclavage vient d’être aboli.
Les maîtres abandonnent les lieux. Et les esclaves à leur destin. Dont Antonica, Marcelina et Luíza, qui décident de fonder une communauté sur place. On rase la maison des maîtres. Parati est à près de cinq heures de marche, et le quilombo Campinho da Indépendência se
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