Élections au Brésil : « Dégage, Bolsonaro ! », le cri des peuples de la forêt

Troisième et dernière série d’articles que Politis consacre au Brésil, avant les cruciales élections du 2 octobre prochain. Après le premier volet consacré au contexte politique et le second au retour de la faim, zoom cette semaine sur les communautés indigènes et quilombolas qui se battent contre Bolsonaro et pour défendre leurs terres ancestrales.

Patrick Piro  • 26 septembre 2022
Partager :
Élections au Brésil : « Dégage, Bolsonaro ! », le cri des peuples de la forêt
© Les communautés indigènes du Sud du Brésil expriment leurs revendications lors du Campement Terre libre de Toldo Chimbangue, du 4 au 7 septembre derniers. (Photo : Patrick Piro)

Plus de 15 % du territoire est démarqué en tant que terre indigène et quilombola. Moins d’un million de personnes vivent dans ces lieux isolés du Brésil, exploitées et manipulées par les ONG. Intégrons ces citoyens. »

C’est par ce tweet du 2 janvier 2019 que Jair Bolsonaro commentait sa première décision, prise la veille, jour même de son investiture : le passage sous la coupe du ministère de l’Agriculture, acquis à l’agro-industrie, des actes concernant la légalisation des territoires indigènes et des quilombos (1).

Le message était clair : pour le président d’extrême droite, qui a régulièrement exprimé un racisme anti-indigène, il n’y avait pas plus prioritaire et urgent que de bloquer la disposition constitutionnelle très avant-gardiste reconnaissant aux communautés indigènes et quilombolas le droit de disposer de leurs terres ancestrales.

Lire > le premier volet de notre triptyque, Battre Bolsonaro et le second L’impensable retour de la faim

Le processus a été gelé durant quatre ans. Bolsonaro n’aura pas démarqué un « centimètre carré », comme il l’avait promis. De fait, son offensive contre le droit de ces peuples, qu’il considère comme archaïques et qu’il s’agirait d’« intégrer » dans la société brésilienne, vise à réduire un important obstacle à l’exploitation effrénée de la terre, des forêts et des eaux par les industries du bois, agroalimentaire, minière et énergétique. Car les communautés indigènes et quilombolas sont les premières opposantes au pillage, ardentes défenseures des milieux naturels : ce sont leurs lieux de vie.

« Fora Bolsonaro ! » (« Dégage, Bolsonaro ! ») À la veille des élections du 2 octobre, jamais leur cri de colère et de résistance n’aura résonné aussi fort. Un cri à retrouver tout au long du reportage que nous consacrons notamment aux Xokleng, communauté indigène du sud du pays.


(1) Communautés fondées par des esclaves noir·es ayant fui leur maître, dès le XVIe siècle. Leurs descendant·es (quilombolas) et les communautés indigènes mènent des luttes semblables. On conservera ici l’usage du terme « indigène », commun au Brésil, et sans connotation dépréciative.


Élections au Brésil, troisième et dernier volet : les peuples indigènes et la forêt

Monde
Publié dans le dossier
Battre Bolsonaro
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Turquie : « J’ai vécu un remake de l’affaire Dreyfus »
Monde 27 mars 2024 abonné·es

Turquie : « J’ai vécu un remake de l’affaire Dreyfus »

La quasi-totalité des édiles du Parti démocratique des peuples élus en 2019 ont été destitués par le régime turc au bout de quelques mois. C’est le cas d’Adnan Selçuk Mızraklı, porté à la tête de Diyarbakır avec 63 % des voix, qui depuis est en prison. Nous sommes parvenus à établir avec lui une correspondance écrite clandestine.
Par Laurent Perpigna Iban
À Jérusalem-Est, un ramadan sous pression
Monde 20 mars 2024 abonné·es

À Jérusalem-Est, un ramadan sous pression

En Palestine occupée, le mois saint de l’islam cristallise les tensions alors que les Palestiniens font face à de nombreuses restrictions de l’accès au mont du temple et à la mosquée Al-Aqsa. Elles illustrent le régime légal que des organisations de défense des droits humains qualifient d’apartheid. 
Par Philippe Pernot
« Ma vie dépend de ce qui se passe sur le front »
Ukraine 18 mars 2024

« Ma vie dépend de ce qui se passe sur le front »

Dans une interview réalisée le 28 février 2024, l’écrivain ukrainien Andreï Kourkov nous raconte l’impact de la guerre sur son travail et les questions existentielles qui se posent deux ans après l’invasion russe.
Par Pauline Migevant
« Il y a une volonté d’effacement du peuple palestinien »
Entretien 13 mars 2024 abonné·es

« Il y a une volonté d’effacement du peuple palestinien »

Pour Isabelle Avran, cofondatrice de l’Association France Palestine solidarité, le massacre de la bande de Gaza par Israël est l’acmé inédite d’une volonté d’éradication du fait palestinien.
Par Patrick Piro