Courrier des lecteurs Politis 939

Politis  • 15 février 2007 abonné·es

Le nouveau site de Politis

Je suis un lecteur régulier d’articles que vous publiez sur votre site Internet. Je suis RMiste et n’ai pas les moyens de m’abonner. Je trouve votre point de vue intéressant. D’ailleurs, là n’est pas la question.

Je viens de visiter pour la première fois votre nouveau site. C’est peut-être plus joli qu’avant au premier abord, mais je dois vous avouer que l’on y perd énormément en ergonomie. La simplicité d’accès au contenu qui existait sur l’ancien site, à savoir l’oeil qui lit de haut en bas, classique, se trouve noyée dans une mise en pages qui oblige l’oeil à scanner l’ensemble de la page.

De plus, j’ai l’habitude d’agrandir la taille des caractères pour améliorer mon confort de lecture, ce qui ne posait aucun problème sur votre ancienne version, alors qu’ici la mise en pages sort de l’écran, idem pour la page d’accueil et pour les articles.

À voir cette nouvelle mouture, on sent le conseiller en communication, commercial à souhait, ce qui entre en contradiction, à mon humble avis, avec le contenu de vos articles. Vous allez sans doute me rétorquer que la bataille au coeur des médias fait rage et qu’il vous est nécessaire d’employer les méthodes utilisées par vos concurrents, à savoir faire de la forme la priorité, faire plaisir à l’oeil pour vendre votre produit. Je ne suis pas contre le changement s’il apporte des améliorations qui ne se bornent pas à de la poudre aux yeux, sur le modèle de la publicité.

D’autant plus que plus rien n’est désormais lisible. Trois lignes de texte qui se courent après, suivies d’un encart bien visible pour s’abonner. Ah, c’est sûr, quand on a le budget de Jamel Debbouze, ce genre de problème n’existe pas.

C’était trop beau, en fait, qu’un média indépendant propose des articles gratuitement sur le Net. Cela ne pouvait pas durer. La vague du tout-payant déferle invariablement sur tous les rochers de résistance pour les submerger définitivement. Vous avez vraisemblablement ciblé votre catégorie de lecteurs, celle qui a les moyens financiers d’accéder à vos idées. […]

Pour finir sur une note positive, la nouvelle route que vous prenez laisse un espace libre pour l’émergence d’autres sites en accord avec les idées qu’ils soutiennent. Et ils ne manquent pas heureusement. J’espère seulement que leur succès ne les soumettra pas à la tentation de se focaliser sur la génération de profit au dépend de leur crédibilité.

Frédéric Diard

Nous proposions jusqu’ici des extraits d’articles sur notre site. C’est désormais tout le journal qui est accessible par abonnement ou par paiement à l’article. Mais l’éditorial, les agendas militants et associatifs, ainsi que les tribunes sont libres. On ne peut hélas donner le journal, sauf à en faire un gratuit et à spéculer sur des recettes publicitaires… En revanche, il existe des abonnements de solidarité pour ceux de nos lecteurs qui ne peuvent plus payer leur abonnement ou un achat au numéro. Par ailleurs, notre lecteur est sévère avec notre nouveau site. L’essentiel est tout de même que Politis s’est doté d’un instrument d’interactivité indispensable pour dialoguer avec ses lecteurs.

D.S.

Des convictions fortes

L’édito de Denis Sieffert sur l’abbé Pierre m’a agacé. Une fois n’est pas coutume~! Pourquoi écrire à propos des ressorts de l’action de ce prêtre~: « Gardons-nous ici d’interroger les ressorts intérieurs, les plis secrets où gît une conscience (la foi~?) ­ ils sont trop personnels. »

Pourquoi affubler le mot « foi » de parenthèses et, comme si deux précautions valaient mieux qu’une, d’un point d’interrogation~? L’abbé Pierre aurait-il jamais caché que toute sa vie a procédé de sa foi en Jésus-Christ, de sa foi en un Dieu révélé dans l’humilité~? N’est-il pas évident, comme dans la vie de François d’Assise, qu’il admirait, comme dans celle de soeur Emmanuelle ou du père Ceyrac, que sa présence auprès des plus pauvres a sa source dans cette foi~?

Serait-il inconvenant de le dire dans Politis , qui unit des personnes aux convictions différentes, mais fortes~?

Cette question me semble d’autant plus importante à poser, à expliciter, qu’il me semble que les mouvements antilibéraux n’ont de crédibilité, d’avenir, que s’ils posent, comme un long courrier de lecteur le faisait récemment, des questions fondamentales~: le mythe de la croissance nous conduisant au désastre, comment vivre autrement~? Qu’est-ce que je change, moi, et maintenant, dans ma manière de vivre~?

Je ne pense pas que la « décroissance », pour employer ce mot faute de mieux, soit possible sans des convictions spirituelles. Je crois au contraire que la sauvegarde de l’humanité et de la vie appelle d’urgence une prise de conscience de ce que toutes les grandes forces spirituelles invitent l’homme à lutter contre son orgueil, à limiter ses désirs, à ne sacraliser ni l’argent ni le pouvoir. Ces convictions-là ont leur place dans les mouvements « altermondialistes ». Politis , je crois, peut leur faire une place~! Elles n’ont aucune intention de monopoliser l’espace~!

Avec tout cela, cher Denis Sieffert, bravo pour le journal, et merci de ce que vous faites~!

Jean-Marie Gobert, Romans-sur-Isère (Drôme)

La parole aux « invisbles »

«Sauvons Politis »~: bien sûr, je me réjouis d’avoir participé à cette lutte pour sauver le journal. Je me réjouis que l’hebdomadaire ait les moyens de son indépendance sans avoir recours à la publicité.

Pourtant, je m’interroge. Politis est-il vraiment différent des autres journaux~? Je reprends les unes depuis le n° 935, celle de ce numéro m’a précisément mise mal à l’aise, parce que je n’ai pas compris pourquoi, tout à coup, Nicolas Hulot arrivait en une, avec pour titre « Un croisé de la décroissance » (sans point d’interrogation). Suivent Nicolas Sarkozy (n° 926), Jean-Luc Mélenchon (n° 928), Marie-George Buffet (n° 929), le principal Don Quichotte (n° 933) et Jamel (n° 936). […]

En fait, vos unes ne présentent que des personnes connues, visibles, qui ont la parole dans tous les médias. […] Je repense à Sartre et quelques autres, qui voulaient créer un journal pour donner la parole aux « invisbles », à ceux qui ne l’ont jamais nulle part et qui sont quand même les plus nombreux. Sans la contrainte de la publicité et de la tutelle des puissances d’argent, il me semble que Politis pourrait développer un autre projet.

Michèle Escobar, Montauban (Tarn-et-Garonne)

Politis et les non-lecteurs

Dans le courrier du n° 936 de Politis , une étudiante dit~: « Je n’hésite pas à le prêter autour de moi » ; autour, c’est-à-dire à d’autres étudiants qui ont la capacité de lire ­ les facultés intellectuelles, l’habitude, le temps et le plaisir ­ les pages « entretien » ou « À contre-courant » (Patrick Viveret et Philippe Corcuff, philosophes, et Jean Gadrey, professeur, pour ce numéro, par exemple), le bloc-notes de Bernard Langlois, etc. Autour de moi, retraité de 68 ans, ex-militant tous azimuts, je ne vois que très peu de gens à qui prêter ou à faire abonner à Politis, car notre hebdomadaire est illisible pour l’immense majorité de la population salariée plus les chômeurs […]. Politis doit prendre en considération l’état de faible instruction de cette population susceptible objectivement de voter Bové, Buffet, Besancenot et Laguiller, au total moins de 10 %, et dont une partie fuit dans le vote Le Pen.

Comment prendre en considération cette population d’électeurs non-lecteurs~? En utilisant un double style rédactionnel~: l’un « intellectuel » à destination, comme présentement, des étudiants, enseignants et assimilés~; l’autre à destination des foules qui remplissent les stades, les écrans de TV-réalité et les bistrots. […]

Bravo pour la première page du n° 936 avec Jamel, une tête d’affiche touche les foules, pas un entretien avec un philosophe, aussi révolutionnaire soit-il. Les « couches populaires » font un blocage hermétique à la lecture ainsi qu’à l’écoute de l’autre, d’où le succès du portable, qui laisse libre cours à l’initiative de l’individu maître de son langage de moins de 400 mots.

Chers amis journalistes et lecteurs de Politis , ne recommençons pas la petite aventure des 30~000 adhérents du PSU ni celle d’Attac. C’est le nombre qui fait la force~: 10 % de fils d’employés-ouvriers dans les facultés, voilà notre misère institutionnelle.

Jacques Borie, Montpellier (Hérault)

Jusqu’où ira Sarkozy~?

Intéressante coïncidence~: au moment même où l’on apprend que les RG du ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, s’occupent vivement à ficher la candidate Ségolène Royal, un de ses soutiens et les voisins du QG de campagne du candidat Nicolas Sarkozy, sort la Vie des autres , l’excellent film de Florian Henckel von Donnersmarck. Un film qui montre que nul n’est à l’abri des agissements de la police politique dans un pays totalitaire, pas même celles et ceux qui se montrent plutôt favorables au régime en place. Un film qui fait froid dans le dos et devrait amener les électeurs à réfléchir, même ceux de droite~: vu ce qui se passe déjà en ce moment, jusqu’où le pouvoir Sarko-UMP est-il susceptible d’aller en la matière en cas de victoire au printemps prochain~?

Jean-Jacques Corrio, Les Pennes-Mirabeau (Bouches-du Rhône)

José Bové

L’occasion risque de ne pas se représenter de sitôt de voter pour un candidat~:
­ engagé dans l’agriculture paysanne: en votant pour lui, nous prouverons que cette agriculture existe encore, que nous voulons la garder et même la développer.

Militant de terrain contre la société de consommation, contre le productivisme, les OGM et le nucléaire: en votant pour lui, je me prononce pour les économies d’énergie et les énergies durables.

Un candidat engagé à la fois dans les luttes locales et dans les luttes planétaires: en votant pour lui, je confirme que, dans un marché du travail mondialisé nous ne pouvons défendre nos droits sans défendre ceux des travailleurs du monde entier.

L’unité ne peut se faire sur un candidat issu d’un parti. On peut le regretter, mais c’est ainsi. L’unité peut se faire sur un projet de société égalitaire et sur des objectifs précis comme la nationalisation des services publics et la défense de la part différée des salaires (retraite et Sécurité sociale).

Jacques Joubert, Nîmes(Gard)

Souveraineté et indépendance

Le corps électoral renâcle. Le7 mai 2007 n’est pas écrit. Aucune majorité ne se dessine. Pourquoi~? Parce que les politiciens refusent de prendre en compte le « non » du 29 mai 2005. LesFrançais ­ de souche et d’adoption~! ­ l’ont bien compris~: tout programme qui ne remet pas d’abord en cause les désordres de l’Europe supranationale et de la mondialisation furieuse est inapplicable. Tout procède de deux mots-clés~: souveraineté, indépendance. C’est pourquoi nos compatriotes expriment lucidement leur réticence et refusent leur majorité.

Pour la gauche, c’est fini. Trop de mensonges. Ce n’est pas un trou d’air, c’est une perte de contrôle avant le départ en vrille. La courtoisie conduit à ne pas accabler la personne qui incarne cette faillite. D’autres avec elle ­ dont une fut transformée en ludion de la politique ­ doivent assumer cette débâcle.

La droite n’est pas arrivée pour autant. Elle stagne. Malgré les apparences, son patron ne se porte pas beaucoup mieux que le pilote d’un aéronef promis, lui aussi, aux dépressions et aux turbulences. Il ne faut pas s’asseoir sur le suffrage universel.

Quant au petit parti du centre, temporairement requinqué par la dispersion de la gauche, il n’est jamais aussi guilleret que lorsqu’il adopte une posture jalouse d’autonomie, alors qu’il refuse à la France sa volonté d’indépendance face au totalitarisme de l’Europe anarchique. En somme, ces trois forces politiques sont sournoisement complices pour mépriser la voix du peuple français, détruire la Nation et affaiblir l’État. […]

La seule force qui demande à s’organiser dans une indicible attente des Français ­ de souche et d’adoption ­ est celle du « non ». Elle a pris corps au printemps 2005. Elle enveloppe largement l’éventail politique, au-delà de la récupération idéologique d’un autre temps.

En renouant avec la maîtrise de leur souveraineté, les Français confirmeront l’exemplarité de l’indépendance de la France. Pour reconstruire l’Europe des Nations, peser dans la mondialisation enragée et crever l’abcès.

Au soir du 29 mai 2005, le Polonais Lech Walesa affirmait~: « Un jour, les Européens remercieront la France. »

Michel Castelin, La Ciotat (Bouches-du Rhône)

Du mérite~!

Il y a quelque temps, j’ai appris l’existence de Politis (parce que j’ai lu quelque part que vous étiez en difficulté). J’ai voulu connaître le contenu du journal. Je voulais vous signaler que cela n’a pas été facile.

J’habite à proximité de la gare Saint-Lazare. Dans un kiosque près de la station Liège, ne voyant pas Politis , je l’ai demandé au vendeur, qui m’a répondu fort peu aimablement qu’il n’avait pas cela.

Il y a peu, de passage à la gare de Lyon, je me suis rappelé que je voulais vous lire, […] j’ai cherché votre journal au Relay~: des étalages de Gala sur plusieurs piles, même chose pour Capital […]. Politis , rien. Le vendeur m’a indiqué un endroit, tout au fond. Heureusement que j’avais un peu de temps, car j’ai fini par trouver le journal, invisible si on ne vous indique pas où il se trouve et si vous n’avez pas un peu de temps pour chercher. Deux ou trois malheureux exemplaires derrière d’autres journaux. On ne risque pas de vous découvrir par hasard en flânant près des kiosques~!

Quand j’aurai fini ce numéro, je le laisserai traîner sur la table en salle des profs ­ je suis prof ­, histoire de vous montrer, car je n’y vois habituellement que Direct soir et Métro . Or, je trouve important qu’un journal comme le vôtre soit connu.

Michelle Millet, Paris

Courrier des lecteurs
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