Hésitations

Denis Sieffert  • 12 juillet 2007 abonné·es

La nouvelle diplomatie française se cherche. Après un affichage très atlantiste, que la nomination de Bernard Kouchner au Quai d’Orsay n’a surtout pas démenti, Nicolas Sarkozy donne l’impression de vouloir se frayer un chemin entre la lourde tutelle américaine et des velléités d’indépendance. Il s’agit, dans le cadre d’un alignement sur la politique américaine, de se ménager quelques apparences d’autonomie. Le dossier libano-syrien est aujourd’hui l’enjeu de cet exercice de haute voltige. Celui-ci offre une particularité par rapport au dossier israélo-palestinien, qui renvoie au passé récent. Car autant Jacques Chirac faisait valoir une autonomie au moins symbolique s’agissant d’Israël et de la Palestine, autant il était à l’unisson des États-Unis de George Bush dans le dossier syro-libanais. Cela en particulier en raison des liens personnels que l’ancien président français entretenait avec l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, assassiné le 14 février 2005. Paris et Washington avaient même fait de ce dossier l’instrument de leur rabibochage après la crise irakienne.

Autrement dit, il s’agit pour Nicolas Sarkozy de s’émanciper de la diplomatie chiraquienne sans froisser le grand parrain américain. C’est dans ce contexte que l’affaire du voyage à Damas d’un émissaire français (voir ci-contre l’article d’Étienne de l’Ancro) doit être analysée. Au-delà même de la crise libanaise, il s’agit d’un test pour Nicolas Sarkozy et Bernard Kouchner, qui tentent de mesurer leur marge de manœuvre par rapport à Washington. Tout en étant sans l’ombre d’un doute « atlantistes », ils s’efforcent tout de même de faire valoir un tropisme français, c’est-à-dire une vision un peu moins idéologisée des rapports avec les pays de l’« Axe du Mal » cher aux néoconservateurs américains. En outre, il peut paraître contradictoire – même s’il faut évidemment s’en féliciter – de voir la France inviter à Paris des représentants de haut rang du Hezbollah, tandis qu’elle a refusé de discuter avec le gouvernement d’union nationale palestinien quand celui-ci, avant la mi-juin, réunissait le Fatah et le Hamas. La doctrine du « on discute avec tout le monde » (Kouchner) souffrirait-elle d’exception ?

Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Extrême droite allemande : « Comme souvent, la colère retombe, on s’habitue »
Entretien 1 décembre 2025 abonné·es

Extrême droite allemande : « Comme souvent, la colère retombe, on s’habitue »

Alors que l’AfD vient de refonder son organisation de jeunesse à Gießen, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont bloqué la ville pour tenter d’empêcher la tenue du rassemblement. Pour la germaniste et historienne Valérie Dubslaff, cette séquence s’inscrit dans la continuité des grandes mobilisations de 2024.
Par Maxime Sirvins
En Allemagne, une mobilisation massive contre l’extrême droite
Reportage 1 décembre 2025

En Allemagne, une mobilisation massive contre l’extrême droite

Près de 50 000 personnes venue de tout le pays se sont rassemblées ce week-end à Gießen pour empêcher le parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) de reformer sa faction jeune, auto-dissoute huit mois plus tôt.
Par Camille Tribout
À Valence, l’extrême droite Vox surfe sur les inondations
Monde 28 novembre 2025 abonné·es

À Valence, l’extrême droite Vox surfe sur les inondations

Un an après la crue meurtrière d’octobre 2024, les habitants de Paiporta sont amers de la gestion de la tragédie par les autorités qui a dévasté la ville. Le parti d’extrême droite Vox a su tirer parti de ce désarroi.
Par Pablo Castaño
En Guyane, le mastodonte logistique de l’orpaillage illégal
Reportage 26 novembre 2025

En Guyane, le mastodonte logistique de l’orpaillage illégal

Près de 80 % des activités liées à l’extraction illicite de l’or en Guyane se concentrent sur le Haut-Maroni. Depuis la rive surinamienne, les garimpeiros – orpailleurs clandestins – ont édifié un système bien huilé pour exploiter le sol français.
Par Tristan Dereuddre